Lâm Van Bang, un vétéran avec des cicatrices partout sur le corps, incité par une responsabilité envers ses camarades, a créé un musée privé, premier du genre au Vietnam, dénommé « Le musée des soldats révolutionnaires capturés puis torturés par l’ennemi ».
L’ouverture du musée
L’ouverture en octobre 2006 du «Musée des soldats révolutionnaires capturés puis torturés par l’ennemi » a été autorisée par la province de Ha Tay. La création de ce lieu, l’un des premiers musées privés au Vietnam, a marqué l’ouverture aux capitaux privés des activités de « reconnaissance » du Parti et de l’Etat.
En 1985, lorsqu’il était responsable de la réparation des ponts à Hanoi, lui et ses ouvriers ont découvert une bombe de plusieurs tonnes sous un pont. Il l’a neutralisée puis l’a posée sur un socle avant de l’exposer. La bombe a attiré une grande attention du public et cet intérêt a encouragé Lâm Van Bang à ouvrir son musée des objets de guerre.
Lâm Van Bang fut l’une des 70 personnes exemplaires récompensées lors de la cérémonie célébrant le 70e anniversaire
du « mouvement d’émulation patriotique » lancé par le président Hô Chi Minh, tenue en juin 2018
Hoang Trung Hai (premier à droite), secrétaire du Comité municipal du parti de Hanoi, offre des cadeaux et un satisfecit
aux représentants du musée. Photo : archives
Lâm Van Bang (troisième à droite), reçoit l’Ordre du Travail de 3e classe en 2016. Photo : archives.
Lâm Van Bang (chemise blanche) reçoit en juin 2018 des cinématographes américains.
Lâm Van Bang a visité toutes les prisons et cimetières des Morts pour la Patrie dans l’ensemble du pays. Photo: archives
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« Lorsque j’ai été gravement blessé et en prison à Biên Hoa (Sud), mes camarades m’ont bien soigné, mais beaucoup d’entre eux sont morts ensuite. Leur sacrifice m’a encouragé à chercher des objets de guerre pour exprimer ma reconnaissance envers eux», a partagé M. Bang.
-« Le musée des soldats révolutionnaires capturés puis torturés par l’ennemi » se trouve au hameau de Nam Quât, commune de Nam Triêu, district de Phu Xuyên (Hanoi). Lâm Van Bang, son fondateur, s’est vu attribuer l’Ordre du Travail de 3e classe.
- Lâm Van Bang fut l’une des 70 personnes exemplaires récompensées lors de la cérémonie célébrant le 70e anniversaire du « mouvement d’émulation patriotique » lancé par le président Hô Chi Minh, tenue en juin 2018 |
« Prendre le sac et partir », ce slogan préféré des jeunes aimant la découverte et la liberté au 21e siècle était déjà en vogue à l’époque de M. Bang.
Il a visité toutes les prisons de l’armée américaine dans l’ensemble du pays, et a parfois dû débourser beaucoup d'argent pour acheter des objets. La ferme volonté de Bang accordée à ce travail noble a conquis ses proches qui ont offert 1.600 m² de terrain pour la construction du musée, qui abrite cette année 5.000 pièces.
Un espace d’enseignement du patriotisme aux jeunes générations
Bien qu’il soit un musée privé, son fonctionnement est très professionnel. Il est séparé en dix secteurs à thèmes: président Hô Chi Minh et morts pour la Patrie à la prison de Phu Quôc ; objets et documents sur la guerre anti américaine ; images, maquettes inspirés des tortures et témoignages sur les crimes de l’armée américaine et de la République du Sud Vietnam ; visages des combattants révolutionnaires vaillants et vie des membres du parti communiste du Vietnam dans la prison de Phu Quôc…
Secteur destiné aux objets quotidiens, photos et documents sur la guerre anti-américaine
Le musée expose plus de 5.000 objets de guerre
Lâm Van Bang dans le secteur destiné aux images et maquettes représentant les tortures de l’armée américaine et
de l’armée de la République du Sud Vietnam
Lâm Van Bang (2e à droite) présente des objets aux visiteurs. Photo: archives
Des objets datés de la guerre contre l’armée française.
Créé il y plus d’une décennie, le musée a reçu des milliers de délégations de visiteurs. Photo: archives |
Le musée se distingue par ses guides spéciaux à savoir 15 vétérans, de véritables « témoins vivants » qui impressionnent fortement les visiteurs. Ce musée est fidèle à son but initial à savoir montrer aux visiteurs l’énergie et la vaillance des combattants vietnamiens.
« Je souhaite que le musée reconstitue l’histoire nationale et enseigne la fierté nationale et le patriotisme aux jeunes », a dit Bang. Parmi les objets exposés, il y a un drapeau national, dont la dimension est égale à celle d’un paquet de cigarettes. Son histoire mérite d’être racontée. Ce drapeau fut suspendu à chaque cérémonie d’adhésion d’un nouveau membre au Parti organisée en secret à la prison de Phu Quôc. Un camarade de Bang, Nguyên Van Du, fut chargé de le garder. Lorsque sa cellule était fouillée, le drapeau était plié et mis dans un petit sac plastique tenu par une ficelle. Un bout du fil était attaché à l’une de ses dents et l’autre était lâché dans sa gorge. Une fois la fouille terminée, le drapeau était retiré et affiché sur le mur de la cellule pour stimuler le courage et la combativité des révolutionnaires vietnamiens.
C’était la technique que ces prisonniers vietnamiens employèrent il y a un demi-siècle pour protéger le drapeau national des mains de l’ennemi./.
Texte: Thao Vy- Photos: Tât Son et archives