« Madame Binh », symbole de l’esprit des femmes vietnamiennes sur la scène internationale
Madame Nguyên Thi Binh », figure emblématique de l'esprit des femmes vietnamiennes sur la scène internationale, est une diplomate d'exception, symbole d'intelligence, de courage et de détermination.
Née Nguyên Thi Châu Sa le 27 mai 1927 dans la province de Quảng Nam (aujourd'hui Dà Nang), elle a grandi dans une famille au solide héritage patriotique. Petite-fille du patriote Phan Châu Trinh, elle a été imprégnée dès l'enfance d'un esprit d'indépendance, d'un idéal progressiste et du sens du service à la patrie.
Dès 1945, elle participe au mouvement de prise de pouvoir à Saïgon et s'implique activement dans les activités révolutionnaires. Elle devient membre du Comité exécutif des femmes pour le salut national. En 1948, elle adhère au Parti communiste du Vietnam. Son emprisonnement par les autorités coloniales françaises à la prison de Chi Hoà (1951-1953) renforce sa volonté et son courage, faisant d'elle une révolutionnaire résolue.
Sa carrière diplomatique est étroitement liée à l'une des périodes les plus difficiles de l'histoire du pays : la résistance à l'impérialisme américain. Après l'offensive du Têt et le soulèvement de 1968, et sous la pression croissante de l'opinion publique internationale, les États-Unis acceptent d'entamer des négociations avec les représentants vietnamiens. C'est dans ce contexte que Madame Nguyên Thi Binh est nommée cheffe de la délégation de négociation du Front de libération nationale du Sud-Vietnam (FLN) à la Conférence de Paris qui a réuni, en plus du FLN, des représentants des États-Unis, du Nord-Vietnam et du Sud-Vietnam. Ces négociations, qui ont duré près de cinq ans, ont abouti à la signature des Accords de paix de Paris le 27 janvier 1973.
Dès son arrivée à Paris, le 4 novembre 1968, elle marque immédiatement l'opinion publique internationale. Elle y prononce un discours percutant présentant la solution en cinq points proposée par le FLN du Sud-Vietnam. Son franc-parler, la force de ses arguments et son assurance lui valent les éloges de la presse occidentale, qui la surnomme respectueusement « Madame Binh ».
Pendant près de cinq années d’intenses négociations, Nguyên Thi Binh incarne la voix de la paix et défend avec persévérance la position légitime de son peuple. Son courage, sa flexibilité et son habileté à la négociation contribuent à créer une pression internationale qui force les États-Unis à négocier sérieusement et à faire des concessions progressives.
Le 27 janvier 1973, elle est la seule femme parmi les quatre signataires des Accords de Paris, un document historique qui met officiellement fin à la guerre et rétablit la paix au Vietnam. L'image de Madame Nguyên Thi Binh lors de la cérémonie de signature est devenue un symbole non seulement de la diplomatie vietnamienne, mais aussi de la place des femmes vietnamiennes sur la scène internationale.
Dans les médias occidentaux, elle est surnommée « la dame qui danse parmi les loups », une métaphore qui vante sa douceur, sa résilience, sa gentillesse et sa détermination. Elle allie une grande finesse de réflexion stratégique, un calme remarquable et un sens aigu de la persuasion, des qualités qui font d'elle une diplomate hors pair.
Après le succès de la Conférence de Paris, elle assume de nombreuses responsabilités importantes : ministre de l'Éducation, vice-présidente de la Commission des affaires étrangères du Comité central du Parti, présidente de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale et, surtout, vice-présidente de la République socialiste du Vietnam de 1992 à 2002.
Même après sa retraite, elle continue de contribuer à la diplomatie populaire. Depuis 2003, en tant que présidente de la Fondation pour la paix et le développement du Vietnam, elle promeut activement les activités humanitaires, l'éducation et le dialogue pour la paix. Elle œuvre ainsi à rapprocher le Vietnam de ses amis internationaux grâce à une diplomatie à la fois souple, persévérante et efficace.
Madame Nguyên Thi Binh n'est pas seulement une femme politique : elle est une figure majeure de l'histoire moderne du Vietnam. Sa vie et sa carrière incarnent une volonté révolutionnaire, un esprit national, une grande réflexion stratégique et une profonde compassion. Elle demeure le symbole d'une diplomatie vietnamienne courageuse, persévérante et flexible, résolue mais humaine. Elle est un exemple vivant de patriotisme, d'intelligence et du rôle central des femmes dans la construction et la défense du pays au cours des huit dernières décennies./.
Texte: Thao Vy - Photos: Pham Hai, Công Dat/VI - Traduction: Hà Vu