L’histoire révèle que le maître à l’origine de ce métier au Vietnam est Nguyên Quý Tri, un homme talentueux du village de Kieu Ky qui vécut au XVIIe siècle. Ce dernier a appris l’art de la fabrication de feuilles d’or qu’il a ensuite transmis aux habitants de Kiêu Ky. Pour montrer leur gratitude, les locaux l’ont nommé Saint patron du métier et lui ont même érigé un autel dans la maison commune du village.
En arrivant à Kiêu Ky, nous pouvons entendre de loin le son des coups de marteau qui résonnent sans cesse tous les jours et dans les moindres recoins du village. Suivant les instructions des habitants locaux, nous sommes arrivés chez l’artisan Le Van Vong dont neuf générations vivent de la dorure aux feuilles d’or et d’argent, pour chercher à mieux comprendre cet métier d'art. Peu de gens pensent qu’à l’âge de plus de 60 ans, cet artisan continue d’exercer et de développer le métier traditionnel de « vang quy », la dorure à la feuille d'or.
L’atelier de fabrication des lamelles d’or de l’artisan Le Van Vong dans le village de Kieu Ky, district suburbain de Gia Lam (Hanoï).
Tous les membres de nombreux foyers fabriquent des lamelles d’or et d’argent.
L’étape de superposition des lamelles d’or sur des lá quỳ est opérée avec la plus grande prudence pour éviter que les feuilles ne se déchirent ou ne se collent sur les doigts.
Des parquets de lamelles d’or après les étapes d’assemblage.
Selon le matériau de chaque produit, les artisans trouveront chaque type de colle adapté pour créer une adhérence.
L’étape de dorer les produits de lamelles d’or.
Une fois ornés de lamelles d’or, les produits doivent attendre l’adhérence avec l’or très mince pendant quelques minutes. |
Les lingots d’or et d’argent sont laminés afin d’obtenir des bandes d’une extrême minceur et d’une largueur de 1 cm. Celles-ci seront ensuite découpées en carrés de 1 cm² qui seront posés sur des lá quỳ de 4 cm de côté. Les lá quỳ sont faits avec du papier dó résistant, d’une grande minceur, et recouverts de plusieurs couches d’une sorte d’encre fabriquée avec une suie particulière mélangée à de la gélatine de buffle.
Ensuite, environ 490 lá quỳ (lamelles d’or) contenant des morceaux d’or ou d’argent sont superposés et emballés avec une bande de tissu bien serrée afin de les agencer correctement.
Le paquet de lamelles d’or est placé sur une enclume en pierre. Les artisans se munissent d’un marteau spécifique dont la manche est en bois de bonne qualité et la tête en acier d’environ 5 kg. Ils frappent sans relâche sur cet ensemble.
Après le martelage, la feuille d’or ou d’argent sera dégagée de son support et découpée en 16 lamelles égales. Les artisans mettent ensuite ces lamelles sur des coupures de papier journal, et continuent à les marteler. C’est la dernière étape de martelage pour avoir des lamelles finies. Elle est donc opérée avec la plus grande prudence par les artisans chevronnés qui frappent les morceaux d’or et d’argent jusqu’à ce qu'ils s’amincissent en remplissent, de manière parfaitement égale, la surface des lá quỳ.
La dernière étape est la dorure. Elle est toujours réalisée dans un espace fermé, le moindre souffle d’air pouvant faire s'envoler le précieux produit et réduire à néant tout le travail accompli... Les lamelles d’or couvrent uniformément tous les produits. Ensuite, les artisans utilisent les pinceaux pour les polir. L’or très mince sera étroitement collé aux produits, créant une adhérence.
Après 20 étapes de traitement de l’or et de l’argent des artisans du village Kieu Ky, les précieuses lamelles serviront à dorer ou argenter statues, sentences parallèles, panneaux transversaux… ./.