Reportage thématique

Le bai choi, un art fascinant du Centre du Vietnam

Né dans la province de Binh Dinh, le bai choi est une forme artistique très variée associant musique, poésie, théâtre, peinture et littérature. Répandu dans l’ensemble de la région Centre, il se présente sous deux formes: le «jeu du bai choi» et le «spectacle de bai choi», avec les Hô Bài Chòi, Bài Chòi chiếu, Bài Chòi ghế... C’est un  art folklorique populaire parmi toutes les  couches sociales. Il  se pratique surtout à l’occasion du Nouvel An lunaire.  L’UNESCO a officiellement inscrit le bai choi du Centre sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.
Fruit de la créativité des travailleurs
 
Autrefois, les habitants surveillaient leurs champs du haut de belvédères ou miradors en bois. Sans téléphone, ils communiquaient entre eux par des chants.

« bai choi » est un mot composé de « bai », qui signifie chant, en français, et « choi », belvédère. Un assemblage à première vue simpliste qui prend pourtant des formes bien plus compliquées. Aujourd’hui encore, on organise à chaque printemps une fête du bai choi, qui dure une semaine, depuis le dernier jour de l’année lunaire jusqu’au septième jour de l’année suivante.

Le bai choi se pratique avec des cartes dans des cabanons (" belvédères") de bambou. La fête a souvent lieu dans la cour d’une maison communale, d’une pagode ou sur un terrain vaste et plat. On y érige dix miradors qui ressemblent à des cabanes sur pilotis faisant face au terrain de jeu. Chacun abrite quatre ou cinq joueurs.



Le bai choi est très populaire parmi les habitants du Centre. Photo: Thanh Giang


Les plaquettes du Hieu. Photo: Thanh Giang


L’art  du bai choi ressemble aux échecs.  Les 30 pièces sont symbolisées par 10 cartes en bois, chacune représentant
trois pièces d'échecs. Photo: Thanh Giang



Plus il y a d'airs de bai choi joués, plus il y a de plaquettes distribuées. Photo: Thông Thiên


Touristes participant au jeu dans le centre-ville de Hoi An, province de Quang Nam. Photo: Tât Son

Le spectacle attire souvent un public nombreux. Deux chanteurs, coiffés d’un turban et vêtus d’une tunique traditionnelle, se tiennent debout : ce sont les meneurs de jeu. Au début du spectacle, l’un des deux chanteurs distribue aux joueurs trois plaquettes de bambou sur lesquelles sont gravées des figures d’hommes, d’objets ou d’animaux. 

L’UNESCO a officiellement inscrit le bai choi du Centre du Vietnam dans sa Liste représentative du patrimoine immatériel lors de la 12e session de son Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenue le 7 décembre 2017 à Jeju, en République de Corée.
Chacune des plaquettes correspond à un chant particulier. Le meneur de jeu, appelé Hieu, entonne un chant. Il suffit alors au joueur de tendre l’oreille et de donner un coup de cloche de bois si le chant qu’il entend correspond à l’image de sa plaquette. Si l’air est le bon, le meneur lui donne un drapeau jaune. Le chant reprend jusqu’à ce que l’un des joueurs obtienne le plus de drapeaux. Avec trois cartes ou plaquettes, le joueur gagne et le jeu est fini. Ce jeu, très drôle, simple et dynamique passionne l’auditoire.

Le Hieu joue un rôle extrêmement important car il est à la fois chanteur. Il improvise un chant dans lequel le nom de la carte est évoqué: Cua Chua, Ong Am, Hoc Tro, Tu Cang, Bach Hue, Chin Goi, Sau Ghe, Ba Ga, Tu Tuong…

« La musique et les paroles sont improvisées sur place. Rien n'est écrit. Elles touchent rapidement l’auditoire », selon l’Artiste émérite Nguyên Kiêm, de la troupe de bai choi de la province de Binh Dinh.

Selon l’Artiste émérite Nguyên Kiêm, "le bai choi chieu est le sommet de l’art du bai choi". L’un des traits originaux du bai choi, c’est qu’il permet au joueur d’improviser et de jouer des rôles aussi divers que soldat, général, grand-père, enfant… Le chanteur ne doit pas se maquiller, enfiler un costume de spectacle. Il se produit n’importe où ; le bai choi n’exige en effet pas de scène particulière. Les paroles sont improvisées par le Hieu.


Interpréter le bai choi au sein d’un Patrimoine de  l’Humanité 

Le soir, dans l’ancienne ville de Hôi An,  province de Quang Nam, reconnue par l’UNESCO patrimoine de l’Humanité, un spectacle de bai choi se tient au bord de la rivière Thuong, à la lumière des lampions. Un spectacle inoubliable pour les touristes vietnamiens comme étrangers. Le bai choi fait partie de la vie culturelle des habitants de Quang Nam.

A Hoi An, presque tous les touristes assistent au moins une fois au spectacle de bai choi. Ils sont conquis par la voix mystérieuse de l’artiste Luong Dang.



Des touristes captivés par  les airs lyriques du bai choi inspirés des chants alternés de Quang Nam. Photo: Tât Son


Les plaquettes sont distribuées et récupérées à la fin du jeu. Photo : Thanh Giang


Deux touristes sud-coréens séduits par les airs improvisés de bai choi. Photo: Tât Son 


Des touristes sont initiés aux règles du bai choi. Photo: Thông Thiên

“J’ai fait connaissance avec l’art du bai choi dès mon enfance car ma grand-mère m’amenait souvent à des spectacles. Cet art coule dans mes veines depuis que j'ai 10 ans », a confié l’artiste Luong Dang.

De nombreux pays du monde disposent d’un art folklorique ressemblant à l’art du bai choi, tels que le pansori, chant traditionnel de République de Corée, le guci en Chine ou ceux d’Algérie ou d’Inde. Cependant, les vers, les paroles, les mélodies, la composition …. du bai choi sont uniques. C’est pour cela que le bai choi suscite autant l’intérêt des chercheurs étrangers de musique folklorique.
Il a raconté également l'histoire du rétablissement de cet art folklorique. « Moi et des dirigeants locaux avons rencontré des artistes âgés des communes de Cam An, Cua Dai, et puis nous sommes venus écouter des chants à Thanh Ha. Finalement, en 1998, le bai choi a été relancé à Hoi An ».

Ses efforts ont été récompensés. Le bai choi fait désormais partie des découvertes culturelles indispensables pour les touristes visitant Hôi An. L’artiste Luong Dans, en une trentaine d’années de carrière, peut être fier d’avoir apporté au public un art folklorique original de son pays natal ; et encore plus fier de le voir reconnu patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Dans l’ancienne capitale impériale de Hue, l’art du bai choi reste une distraction culturelle indispensable lors du Nouvel An lunaire (Têt). C'est pour les touristes une distraction attrayante lors des festivals qui se tiennent tous les deux ans dans la ville.

Cependant, la fête du bai choi n’a  été préservée et ne s'est  développée qu’au village de Thanh Thuy Chanh, commune de Thuy Thanh, chef-lieu de Thuy Huong, province de Thua Thien-Hue. Le bai choi est un trésor folklorique de ce village, qui apporte la joie de vivre aux habitants locaux et renforce leur patriotisme.



Un festival de bai choi à Cau Ngoi Thanh Toan, au village de Thanh Thuy  Chanh, commune de Thuy Thanh, district de
Huong Thuy. Photo: Tât Son







Chaque festival de bai choi se divise en 9 parties ;et à la fin de chacune, le gagnant obtient un drapeau jaune qu'il plante
sur son mirador. Photo : Thanh Hoa-Tât Son



Hieu Tran Duy, un chanteur de bai choi réputé, de Hue, interprète un air et distribue des plaquettes à des  joueurs.
Photo: Tât Son

Tran Duy Chua est  un chanteur de bai choi réputé de Hue. Il joue depuis une dizaine d’années, le rôle du Hieu dans la fête de bai choi organisée au Festival de Hue ou au Têt traditionnel.  Selon lui, interpréter un chant de bai choi n’est pas difficile, mais il est difficile de chanter tous les airs. Les chants de bai choi de Hue sont caractérisés par des mélodies douces qui fascinent l’auditoire, avec souvent  comme décors les palais de l’ancienne cité impériale de Hue. /.
 
Le tuong (théâtre classique) et le cai luong (théâtre rénové) sont les deux arts qui ont influencé l’art du bai choi, a estimé  Ebsjorn Watermark,  chercheur suédois en musique folklorique. 
 
Texte: Thông Thiên – Photos: Thanh Hoa, Tât Son, Thanh Giang et Thông Thiên

Au pays natal de la flottille de Hoang Sa et de ladministration Bac Hai

Au pays natal de la flottille de Hoang Sa et de l’administration Bac Hai

Les trois nom géographiques Truong Sa (province de Khanh Hoa),  Ly Son (province de Quang Ngai), et Phu Quy (Binh Thuân) étaient tous inscrits  dans l’histoire de la Cour des Nguyên comme des régions maritimes et insulaires qui avaient été exploitées  par les Vietnamiens et qui avaient déclaré leur souveraineté  très tôt. Actuellement, ces trois districts insulaires sont des points lumineux en termes de développement économique, touristique, de défense de souveraineté maritime et insulaire, et d’efforts dans la mise en œuvre de la convention contre la pêche illicite non déclarée et non  réglementée (INN) aux termes des recommandations de la Commission européenne (CE). 

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