Depuis des temps
immémoriaux, des indigènes Edé Kpa ont vécu dans la région de Dak
Lak. Une cinquantaine de maison longues le long du torrent Ea Tam
formaient un buôn (village) sous l’autorité du chef de tribu
Ama Thuôt. Au début du XXe siècle, ce village a prospéré
devenant le centre du Tây Nguyên sous le nom de Buôn Ma
Thuôt.
Les Edé ont
l’habitude de vivre en communauté de trois ou quatre générations,
dans une grande maison longue appelée Sang, construction sur pilotis
en bois et bambou. On ne la reconstruit pas souvent, on l’allonge en
ajoutant des compartiments au fur et à mesure de l’accroissement de
la famille.
Celle-ci comprend
trois groupesnbsp;: celui des femmes apparentées à la mère, celui
des hommes apparentés à la mère et celui des hommes non apparentés à
la mère. La femme la plus âgée dirige la grande famille. Si elle
décède, l’autorité passe à sa fille cadette. Si celle-ci est
mineure, sa sœur aînée assume l’autorité pour ellenbsp; jusqu’à sa
majorité.
La maison longue comprend
3 partiesnbsp;: deux balcons, une pièce commune et les alvéoles d’habitation.
Le balconnbsp;de devant (dring gah), plus large, sertnbsp;au séchage des vêtements et
des céréales,nbsp;au pilage matinal du riznbsp;; c’est l’endroit où l’on prend
le frais le soir.nbsp;Il est muni d’une ou deux échelles. Le
balcon de derrière, muni d’une seule échelle,nbsp;au lavage et à la
cuisson.
Le gah, pièce
de réception, occupe la moitié ou le tiers de la maison. C’est le
salon de la famille qui y expose ses objets précieuxnbsp;:
tambours, gongs,nbsp;jarres d’alcool, cornes de buffle, de cerf… Faisant suite au
gah est l’Ok composé des alvéoles d’habitation réservées aux
familles individuelles. La maison longue sert aussi de lieu de
réunion pour la communauté villageoise.
Le vieux Amara Hrin
qui nous reçoit, grisé par la conversation sur la maison longue ou
l’alcool de riz qu’il sirote dans une jarre avec un chalumeau,
s’arrête pour jouer du dinh nam, flûte composée d’une
calebasse séchée et de six tubes de bambou. Son petit fils Y Son
l’accompagne avec sa flûte. La musique me plonge dans l’atmosphère
de l’épopée «Dam Dzi va à la chasse» de Y Dup gonflant sa poitrine
pour humer l’odeur de la viande grillée, l’arôme du ferment d’alcool
mêlé à la sueur âcre des gens entourant Dam Dzi dans la maison
longue «… La maison de Dam Dzi possède une échelle large comme
quatre nattes, large comme une claie servant de lit pour dix
personnes, assez large pour que trois ou quatre personnes montent et
dansent en même temps.
A l’extremité se trouve un gros
tam-tam. Sous la véranda s’amoncellent les sièges de cornac.
Au dessous du plancher pendentnbsp;
des paniers de sel, du poisson et de la viande séchés. Les
gens qui cuisinent entrent et sortent se heurtent aux mamelles et
aux épaules, occupés à cuire du riz et à bouillir de l’eau… Les
gongs remplissent les étagères…nbsp;».
Cet extrait d’épopée suffit à vous montrer que la maison longue non seulement symbolise le régime matriarcal de la grande famille mais est aussi la dépositaire des valeurs spirituelles Edé. A travers les boulversements politiques, économiques et culturels, les échanges entre diverses communautés ethniques, les jeunes générations Edé se sont éloignées de la grande famille et le matriarcat recule. D’où la réduction du nombre des des maisons longues. La préservation de ce patrimoine bâti s’avèrenbsp;nécessaire si nous ne voulons pas perdre un cachet original de l’héritage culturel Edé.
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Texte: Thinh Phat
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Thinh Phat