Issue de la famille royale Tôn Thât, Mme Tôn Nu Thi
Ninh naît à Huê, l’ancienne ville impériale. En 1950, elle suit sa
famille en France pour revenir à Saigon (l’actuelle Ho Chi
Minh-Ville) en 1960. Bachelière en 1964, elle faisait ses études en
France, puis en Angleterre (Université de Cambridge) et devient
professeur à l’Université de Paris IIInbsp;. Par la suite, elle
retourne au Vietnam, enseigne l’anglais à l’Ecole normale de Saigon.
Un jour, elle rencontre M. Xuân Thuy – Président de la Commission
des Relations extérieures du PCV – qu’elle avait croisé à la
Conférence de Paris (1968-1972). C’est sur son conseil qu’elle se
présente à cette commission…
Madame Tôn Nu Thi Ninh débute sa carrière diplomatique
comme interprète. A son avis, cete période de rodage est importante
pour devenir diplomate. Elle est consciente qu’en dehors d’une
connaissance approfondie des langues étrangères, un bon interprète
doit bien maîtriser la ligne politique du Parti dirigeant et de
l’Etat. Elle a acquis beaucoups d’expériences lorsqu’elle servait
d’interprète au Premier ministre Pham Van Dông, du Général Vo Nguyên
Giap, à Xuân Thuy, Nguyên Co Thach… Ses larges connaissances et son
éloquence lui ont valu de nombreux succès dans son travail.
Jean-Pierre Debris, l’un des deux Français qui avaient planté le
drapeau du Front national de libération du Sud Vietnam sur le toit
de la Chambre des députésnbsp;de l’ancienne administration
saigonaise, l’a comparée à une «orfèvre qualifiée» lorsqu’elle
jouait le rôlenbsp;d’interprètenbsp; pour le Président François
Mitterrand en visite au Vietnam en 1993.
Dans ses activités diplomatiques, Mme Tôn Nu Thi Ninh a
su rallier plusieurs pays concernant la position du Vietnam. Elle
estime que dans le dialogue, il convient d’adopter une tactique
souple et de tenir compte des intérêts des deux parties. Prendre
selon les circonstancesnbsp;une attitude ferme ou souple ». Dans
nos relations multilatérales avec près de 200 pays dit
elle, les paroles sensées sont approuvées tandis que les vaines
paroles volent loin. C’est pourquoi, il faut employer le language
diplomatique avec beaucoup de précautionnbsp;». Elle se rappelle
d’une réponse faite à l’ambassadeur de Singapour sur le problème du
Cambodge à la tribune de l’ONU, dans les années 80. A l’époque, cet
ambassadeur ne partageait pas le point de vue du Vietnam. Pourtant,
il dut reconnaître que l’argumentation de Mme Ton Nu Thi Ninh était
fort convaincante. Parlant des droits de l’homme, elle affirme que
l’Etat vietnamien prend à cœur les aspirations du peuple, perpétuant
ainsi la tradition de nos aïeux. Concernant le problème de la
Palestine de celui du terrorisme, elle souligne: «on ne saurait
mêlernbsp;le problème de la libération nationale avec le
terrorismenbsp;». Dernièrement, en qualité de chef d’une
délégation, elle a fait un voyage de trois semaines aux Etats-Unis,
baptisé «nbsp;Dialogue Vietnam-USAnbsp;». Elle a eu des rencontres
et accordé des interviews dans 8 Etats, 12 villes, 11 universités et
instituts. Une mission couronnée de succès. Au lieu de faire des
discours, elle a privilégié le dialogue pour faire mieux comprendre
aux Américains et aux ressortissants vietnamiens la politique de
rénovation nationale entreprise depuis 1986 par le Vietnam,
notamment en terme de concorde nationale, définie et mise en oeuvre
par le Parti dirigeant et l’Etat. Aux éléments extrémistes, elle
répliquait: «Le Vietnam, s’il n’est pas encore le paradis, n’est pas
du tout que vous imaginez».
Dans son travail, Mme Tôn Nu Thi Ninh tout en observant
scrupuleusement la discipline, ne manque pas d’initiatives.
Lorsqu’elle était ambassadrice au Royaume de Belgique, au Luxembourg
et en Union européenne (2000-2003), elle organisa avec succès la
«nbsp;Semaine culturelle du Vietnam en Belgiquenbsp;». M.
Defraigre, chef de cabinet de Pascal Lamy, reconnaît que: «la mode
vietnamienne impressionne par son haut niveau esthétique. Elle
dépasse la mode japonaise en terme de longéviténbsp;». Pour quelle
raison Tôn Nu Thi Ninh a-t-elle présenté la mode vietnamienne aux
amis dans le mondenbsp;? Elle estime qu’aujourd’hui, il n’est pas
indispensable que les questions diplomatiques soient résolues
d’emblée par la voie politique, et qu’il est possible aussi d’y
arriver par le canal économique ou culturel. Les échanges culturels
participent à l’intégration mondiale du pays. Dans ses activités
diplomatiques, elle privilégie un dialogue franc et
ouvert.
Vingt années de métier ont donné à Tôn Nu Thi Ninh une
solide expérience. Quinquagénaire, elle est toujours autant alerte,
férue d’arts. Elle vit heureuse auprès de son mari. Son fils fait
ses études en Belgique.