Dans le district de Hoang Su Phi, province d’Ha Giang, des milliers d’habitants de l’ethnie Nung savent fabriquer des bijoux en argent mais peu peuvent créer des motifs traditionnels. Seul Chang Thanh To, vivant sur la montagne Po Ly Ngai, sait encore confectionner des bijoux de mariage sophistiqués
A vingt ans, Chang Thanh To pouvait fabriquer à la perfection des bijoux d’argent. Les derniers mots de son père avant sa mort : « Les bijoux d’argent sont l’âme et la coutume des Nung » l’ont encouragé à poursuivre sur cette voie. Il a passé les deux tiers de sa vie à confectionner des bijoux fins et délicats imprégnés de la culture de son ethnie.
Levant ses mains calleuses, résultats d’années de travail manuel, l’artisan a confié avec tristesse : « Avec ce métier et ces mains je n’ai pas pu, à certaines périodes, entretenir ma famille».
Avant la confection, Chung Thanh To mesure le poids de l’argent avec un petit trébuchet
M. Chang Thanh To confectionne des bijoux d’argent
L’argent est chauffé
L’argent est laminé en feuilles
Ce mélange composé de sève de pin et de peau de buffle brûlée sert à donner la forme au bijou
Les bijoux d’argent en forme d’animaux sont très appréciés des Nung du district de Hoang Su Phi
Chang Thanh To et sa femme gravent des motifs sur un bracelet d’argent
La sève de pin sert à fabriquer des bijoux d’argent en forme de poisson, d’oiseau ou de crabe
Des enfants du village viennent regarder Chang Thanh To confectionner des bijoux |
Il y a dix ans, lorsque les bijoux fantaisie de pacotille ont déferlé dans les marchés du district de Vinh Quang, les jeunes Nung venaient en acheter pour quelques centaines de milliers de dongs, délaissant colliers ou bracelets d’argent traditionnels, fabriqués par des bijoutiers Nung, dont le prix était parfois équivalant à celui d’un buffle.
Selon Chang Thanh To, un ensemble de bijoux d’argent d’une mariée de l’ethnie Nung se compose d’un collier, de bracelets, boucles d’oreille, boutons de chemise, d’une épingle à cheveux…. Tous en argent et très finement ciselés. |
Comme les boutons de chemise d’argent fabriquées manuellement se vendaient trop chères, les personnes âgées se contentaient de prendre des boutons d’aluminium. Cette tendance a affecté les orfèvres-bijoutiers comme Chang Thanh To qui ont vu, à cette époque, les gens de leur ethnie se détourner graduellement de leur culture. Et lors des mariages, les mariées ne portaient plus de bijoux d’argent traditionnels.
Les années ont passée, le niveau de vie des Nung du district de Hoang Su Phi s’est sensiblement amélioré. Les bijoux d’argent traditionnels ont retrouvé la place qui était la leur. Bracelets, boutons de chemise… de plus de 40 millions de dongs parfois sont de nouveau commandés à Chang Thanh To. Ce dernier confie avec joie : « Les Nung ont renoué avec leur culture ancestrale, quel bonheur! ».
En 2013, il a rencontré l’artisan Ly Sao Tin, aussi confectionneur de bijoux traditionnels de l’ethnie Nung. Ils ont échangé des expériences, leurs savoir-faire et sont accordés de vendre ensemble des bijoux le dimanche, au marché Vinh Quang. Depuis, les touristes peuvent trouver à ce marché de magnifiques bijoux traditionnels. Bien que le nombre de clients soit modeste, M. To est satisfait de l’intérêt retrouvé des Nung pour leur culture ancestrale./.
Un collier aux motifs traditionnels de l’ethnie Nung fait par Chung Thanh To
Un collier de l’ethnie Nung fait par Chung Thanh To
La confection d’une épingle à cheveux aux motifs sophistiqués prend des semaines
Des bijoux d’argent de l’ethnie Nung sont vendus au marché Vinh Quang par des enfants
et petits-enfants de Chung Thanh To
Des femmes Nung fascinées par les bijoux de Chung Thanh To
Un bonnet d’enfant Nung avec des décorations en argent conçues par Chung Thanh To
Des habitants Nung portent des bijoux d’argent non seulement aux festivités et au Nouvel an lunaire
mais aussi dans la vie de tous les jours |
Texte : Thuc Hiên – Photos : Thông Thiên