Reportage thématique

Résurrection du patrimoine impérial de Huê

Pendant une longue période, le patrimoine architectural de la dynastie des Nguyên (1802 - 1945) à Huê est  tombé dans l'oubli ou a été détruit par les catastrophes naturelles et les bombardements. Il a fallu attendre 1993, lorsque le complexe des monuments de Huê a été reconnu patrimoine culturel mondial par l'UNESCO, pour qu’un processus de conservation et de restauration s’enclenche. Depuis, de nombreux monuments ont retrouvé leur splendeur d’antan.
Les vicissitudes du temps

Huê connaît des inondations chaque année. Les deux guerres contre les Français et les États-Unis ont aussi causé beaucoup de dommages à l'ensemble des monuments de Huê. Lors de la terrible inondation de 1999, toute la ville de Huê a été inondée. De nombreux palais et temples ont été sous l’eau pendant des semaines, avec de gros dégâts à la clé. Certaines sections des murs de la citadelle et des palais se sont inclinées. En 1985, une grosse tempête a dévasté Huê et endommagé de nombreux bâtiments de la citadelle.



Le centre-ville de Huê a été bombardé en 1968 par les Américains. Photo: Archives


Au fil du temps, de nombreux monuments ont été gravement détérioré. Photo: Quôc Viêt


Le monuments Phu Van Lâu dans l'inondation historique de 1999. Photo: Quôc Viêt


Une inondation historique en 1999 a gravement endommagé de nombreux bâtiments de la cour impériale.
En images: La Porte Ngo Môn de la Cité impériale de Huê engloutie dans les eaux de crue. Photo: Quôc Viêt
 
Le complexe des monuments de Huê est le plus grand site classé patrimoine culturel mondial au Vietnam. Il compte plus de 1400 monuments architecturaux dispersés dans une zone de plusieurs dizaines de millions de mètres carrés à Huê, deux chefs-lieux et deux districts voisins.
Dans les années 1980, toute la cité impériale était envahie d’herbes folles. Les gens venaient chercher du bois de chauffage, faisait paître le bétail,  cultivaient des légumes... Sans protection à temps, tout ce patrimoine aurait été endommagé de manière irréversible.
 
Mobilisation pour sauver le patrimoine huéen

Peu de temps après la reconnaissance de l'UNESCO du complexe des monuments de Huê comme patrimoine culturel mondial, les autorités provinciales ont confié au Centre de conservation des monuments de Huê la tâche d’élaborer un plan de conservation, de restauration et d’embellissement.

Comme stipulé dans les règlements de l'UNESCO, tous les deux ans, cette organisation a inspecté le site. De 2006 à 2012, Huê a soumis chaque année un rapport à l'UNESCO et a reçu les éloges de cette organisation. En 2013, l'UNESCO a placé les monuments de Huê en dehors de la liste des sites du patrimoine mondial devant être surveillés. L'UNESCO a demandé à plusieurs reprises à Huê d’envoyer des experts rejoindre le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) relevant du Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO, mais pour différentes raisons, Huê n'en a pas encore envoyés.

Le Centre de conservation des monuments de Huê a fait un énorme travail. Il a restauré des centaines d'importantes structures, dont Ngo Môn (la Porte du Midi), le Palais Thai Hoà, Diên Tho, Truong Sanh, les pavillons Hiên Lâm Cac et Tu Phuong Vô Su, le temple Thê Miêu, le théâtre Duyêt Thi Duong, le système Truong Lang (un long couloir dans la Cité Pourpre Interdite (Tu Câm Thành)…



Un guide présentant aux touristes le panorama de l’ensemble des Monuments
de l’ancienne capitale de Huê. Photo: Hoàng Quang Hà


De nombreux détails architecturaux des palais impériaux de Huê ont été restaurés. Photo: Hoàng Quang Hà


Le temple Triêu Tô Miêu en restauration. Photo: Hoàng Quang Hà



Travaux de restauration du plancher du Pavillon à cinq Phénix. Photo: Hoàng Quang Hà


En 2015, le Centre de conservation des monuments de Huê a mobilisé les ressources humaines, financières
et des artisans qualifiés du pays pour mener à bien la restauration de la Porte Ngo Môn et du Pavillon à Cinq
Phénix, une relique majeure de l’ensemble des vestiges des monuments architecturaux
impériauxde Huê. Photo: Hoàng Quang Hà


Plus de 90 ans après que Ngo Môn,  porte principale de la citadelle, considérée comme
le symbole de Huê, a été restaurée pour féliciter le roi Khai Dinh de sa longévité en 1923,
une nouvelle restauration importantea été menée par le Centre de conservation
des monuments de Huê. Photo: Hoàng Quang Hà


Le vestige du temple Triêu Tô Miêu a été restauré par une méthode de restauration moderne
selon la technologie japonaise. Photo: Hoàng Quang Hà


Les autels dans Pavillon de Hiên Nhon ont été restaurés par les artisans de Huê. Photo: Hoàng Quang Hà



Le temple Thê Miêu, lieu de culte des rois Nguyên après la restauration. Photo: Hoàng Quang Hà



A l’intérieur du Palais Thai Hoà, où se déroulaient les audiences royales des rois de la dynastie
des Nguyên après la restauration. Photo: Hoàng Quang Hà



Le temple Biêu Dac dans le Mausolé Thiên Tu, où sont déposées les tablettes funéraires
du roi Thiêu Tri et dela reineTu Du, les travaux de restauration ont été achevés en 2011.
Photo: Hoàng Quang Hà



Le porche du Mausolée du roi Gia Long, le premier roi de la dynastie des Nguyên a été restauré
et embelli avec succès. Photo: Hoàng Quang Hà



Le Palais Thai Hoà vu du Pavillion à cinq Phénix. Photo: Hoàng Quang Hà
 






« Heureusement, l'ancienne capitale de Huê a conservé de nombreux palais, des pavillons, des temples, un réseau de remparts et la forteresse défensive de la cour des Nguyên. Huê est un modèle rare en Asie de l'Est de planification urbaine à la fin de la période féodale. »
(Dr Phan Thanh Hai, directeur du Centre de conservation des monuments de Huê)
Plus de 90 ans après que Ngo Môn,  porte principale de la citadelle, considérée comme le symbole de Huê, a été restaurée pour féliciter le roi Khai Dinh (1916-1925) de sa longévité, le Centre de conservation des monuments de Huê a mené une nouvelle restauration importante. Le Centre a mobilisé les professionnels les plus qualifiés, des artisans de Huê et d’ailleurs dans le pays, mais aussi des experts étrangers. Des technologies du Japon, connu dans la restauration d'anciens bâtiments, en particulier en bois, ont été employées.

Selon Trân Van Huong, qui est en charge de la technologie de restauration de Ngo Môn, le processus de restauration est supervisé par le Centre de conservation des monuments de Huê pour assurer que tous les détails soient identiques à l'original. Même si de très petits détails cachés, tels que rivets en laiton des charpentes en bois, sont mal assemblés, il faut les remonter.

En 2014, dans le cadre du «Plan de conservation et de valorisation des monuments de Huê dans la période 2010-2020 », conformément à la décision 1880 / QD-TTg du Premier ministre, le Centre de conservation des monuments de Huê a restauré 17 monuments avec un capital total de 90 milliards de dongs.

En 2015, 22 monuments seront restaurés, avec un capital total d'environ 150 milliards de dongs. Parmi eux, des tombeaux des rois de la dynastie des Nguyên tels que Gia Long, Minh Mang, Thiêu Tri et Tu Duc.
 
Des aides venues du monde entier

De nombreux gouvernements et 26 organisations internationales ont accordé près de 10 millions de dollars au Centre de conservation des monuments de Huê.

Récemment, le Fonds de soutien international de l'UNESCO a financé le programme de «Renforcement des capacités de gestion du site patrimonial de Huê» pour la période 2014-2015 avec 29.390 dollars; le Fonds des ambassadeurs américains pour la préservation culturelle (AFCP) du Département d'Etat américain a financé deux projets à hauteur de près de 730.000 dollars; le gouvernement laotien a accordé 400m3 de bois de fer, l'équivalent de 200.000 dollars ; et Rhône-Poulenc (France) a fourni 1 million de dollars et des conseils techniques anti-termites pour préserver les monuments Hiên Lâm Cac et Dai Nôi. En plus de l'aide matérielle, de nombreux pays dont la Pologne, l'Allemagne et le Japon ont envoyé des experts.



Cérémonie de signature de documents de coopération entre le Centre pour la conservation
des monuments de Huê et le Centre national des Arts sud-coréen. Photo: Quôc Viêt
 

Le Centre national des Arts Sud-coréen a fait un don au Centre la conservation des monuments de Huê
d’un orchestre royal de cloches qui est déposé dans le Temple Thê Miêu. Photo: Quôc Viêt


Le Dr Phan Thanh Hai, directeur du Centre pour la conservation des monuments de Huê
et les experts français enquêtent sur l'état actuel de la Cité impériale de Huê. Photo: Hoàng Quang Hà


Panorama du secteur Thê Miêu. Photo: Hoàng Quang Hà
 
Jusqu'à présent, le Centre de conservation des monuments de Huê a restauré 132 monuments. Des mesures pour éviter les fuites, les effondrements, les termites et vrillettes… ont été prises, et les pièces endommagées ont été remplacées.
Ces aides ont non seulement fourni à Huê des fonds, de l'expérience, des techniques et technologies, mais plus important encore, ont montré l'affection des amis internationaux pour cette ville. Grâce à cela, le nombre de visiteurs étrangers a augmenté de plus en plus : près de 1 million de visiteurs étrangers en 2014.

Pour une restauration et préservation méthodique, professionnelle et à long terme, le Centre de conservation des monuments de Huê envisage d'inviter des experts internationaux pour aider Huê à élaborer un programme de gestion à l'horizon 2030.

On peut dire que les Huéens ont un sentiment très spécial envers le patrimoine légué par leurs ancêtres. C’est peut être la raison pour laquelle ils sont profondément reconnaissants envers ceux qui ont contribué à leur préservation. Dans la zone des monuments, ils ont d’ailleurs construit un autel dédié à l'architecte polonais Kazik, décédé en 1997, qui a beaucoup aidé à restaurer la cité impériale (Dai Nôi)./.

 
Article: Thanh Hoà & Quôc Viêt - Photos: Hoàng Quang Hà et Quôc Viêt & Archives

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