Un séminaire sur les coopérations économiques Vietnam - Afrique a eu lieu le 6 décembre à Hanoi, en présence de la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, ainsi que des représentants de l’Union africaine, du ministère vietnamien des Affaires étrangères, des ambassades francophones au Vietnam et de plusieurs entreprises exerçant des activités commerciales sur ledit continent.
Photo de famille des intervenants au séminaire sur les coopérations économiques Vietnam - Afrique, le 6 décembre à Hanoi. Photo: CVN
Quelques centaines de personnes ont participé au séminaire sur les coopérations économiques Vietnam - Afrique, le 6 décembre à l’hôtel Daewoo, à Hanoi. Il s’agissait d’un espace de dialogue et de partage d’expériences important, pour que gouvernements, administrations, entreprises et autres intéressés puissent mieux comprendre les défis et potentialités de l’investissement en Afrique.
Cet évènement faisait partie de la suite des séminaires, conférences et tables rondes organisés par le ministère vietnamien des Affaires étrangères (AE) depuis 2018, dont le dernier date de septembre 2019.
Dang Minh Khôi, vice-ministre vietnamien des AE, a rappelé que le Vietnam et l’Afrique partageaient ensemble de nombreux points communs. Actuellement, les deux parties "renforcent la lutte contre la corruption" et "souhaitent bâtir un environnement d’affaires et d’investissement plus efficace".
Cependant, leur collaboration présente également plusieurs difficultés, en raison d’une "mal compréhension économique et juridique", des "régimes politiques", des "transports et infrastructures" différents, a-t-il indiqué.
De son côté, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, a salué les acquis socio-économiques et les investissements du Vietnam en faveur des pays africains. Elle a fait remarquer que l’Afrique comptait plus de 50 pays "avec des langues, cultures et niveaux de développement différents".
En dépit d’une démographie "pleine de vitalité" et des potentiels énormes en agriculture, ressources naturelles et énergie, les investissements en Afrique restent "risqués" à défaut de "connaissances sur ce continent".
D’après Mme Mushikiwabo, le Vietnam aurait beaucoup à partager en matière d’expériences avec l’Afrique puisque le pays "favorise les startups et l’entrepreneuriat des jeunes", ce qui lui donne "l’image de la sortie des crises et de l’acquis de nouvelles technologies".
Surpasser les manques de compréhension
Selon Victor Harison, commissaire aux affaires économiques de l’Union africaine (UA), les coopérations Vietnam - Afrique ont débuté depuis les années 1990 avec l’envoi d’enseignants vietnamiens en Afrique. En référant à la croissance économique incroyable du Vietnam, il a souligné que l’UA voudrait soutenir ses pays membres dans leur développement économique, notamment avec "la création d’une zone de libre-échange continentale".
L’UA compte mettre en place plusieurs politiques, à la fois publiques et privées, afin d’augmenter dans un premier temps le taux d’employabilité des jeunes africains actuels (seuls 4 sur 12 millions de diplômés trouvent un emploi approprié), a exprimé M. Harison.
Le séminaire a été animé par des discussions et partages d’expériences entre experts. Spécialisée dans l’importation de noix de cajou et de coton, la société vietnamienne Tân Long implante actuellement ses bureaux en Côte d’Ivoire, en Guinée-Bissau et en Tanzanie. Selon son directeur général Truong Sy Ba, la complexité des procédures, du transport, des infrastructures, l’assurance de la qualité des produits mais aussi les questions du paiement et de la sécurité sont autant de risques potentiels lors d’investissements en Afrique.
En accord sur ce point, Phan Thi Thanh Nhàn, responsable de la banque vietnamienne BIDV, a ajouté que "le paiement international comprend plusieurs risques en Afrique" et que dans "la plupart des cas, nos clients choisissent mal leurs partenaires". Elle a aussi informé qu’aucune banque vietnamienne n’a jusqu’à présent implanté son bureau de représentation en Afrique "pour plusieurs raisons".
D’après Pham Liêm Chinh, avocat et arbitre du Centre d’arbitrage international du Vietnam, les entreprises vietnamiennes doivent, outre bien rédiger les contrats et examiner les marchandises, choisir les partenaires et la cour d’arbitrage de commerce avec soin. Une idée partagée par l’arbitre maritime et dispacheur Huỳnh Trang Long, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Vietnam - Belgique, qui a précisé que les défis actuels des coopérations Vietnam - Afrique se reposaient sur trois critères - documents, techniques et matériels - qui nécessitaient tous dialogues et partages entre les parties.
Lors du séminaire, les intervenants ont exposé plusieurs rapports spécifiques sur les potentiels en économie et commerce entre le Vietnam et les pays africains.
Élargir les domaines de coopération
Selon le vice-ministre Dang Minh Khôi, le Vietnam connaît une croissance annuelle du PIB de plus de 6% depuis sept ans. En 2019, la valeur de ses exportations a atteint 530 milliards d’USD.
Pour sa part, Nguyên Trung Kiên, chef du Département Proche-Orient - Afrique, du ministère vietnamien des AE, a informé que le Vietnam avait déjà établi des relations diplomatiques avec 54 des 55 pays africains, dont 8 possédant leurs ambassades à Hanoi. Le commerce Vietnam - Afrique s’élève à 7 milliards d’USD en 2019, mais les exportations vietnamiennes sur ce continent, quant à elle, n’atteignent que 3 milliards. Un chiffre "minime" qui requiert des efforts de tous les organes concernés.
Discussions et partage d’expériences entre experts vietnamiens sur l’investissement en Afrique. Photo: CVN
De ce fait, la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, a insisté que grâce au Vietnam, l’Afrique et les pays francophones pourraient mieux avoir accès au marché de l’ASEAN, notamment lorsque le Vietnam en assumerait la présidence l’année prochaine. Particulièrement, nombreux restent les domaines en Afrique nécessitant la présence et l’assistance d’experts vietnamiens, tels que l’agriculture, l’innovation, l’industrie, les nouvelles technologies et la finance, notamment.
Enfin, en informant que le numérique sera au cœur du 18e Sommet de la Francophonie en Tunisie fin 2020, l’ancienne ministre rwandaise des AE a souhaité que le Vietnam puisse jouer un rôle plus important dans "la transformation numérique de l’Afrique" dans les temps à venir. – CVN/VNA/VI