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Les couleurs culturelles des Khmers du Nam Bô

 En visitant les provinces de Trà Vinh, de Soc Trang, de Kiên Giang et d’An Giang dans le delta du Mékong, on peut facilement reconnaître les zones habitées par l’ethnie minoritaire khmère à travers les pagodes bouddhistes autour desquelles se trouvent des hameaux khmers dont les festivals culturels sont profondément imprégnés de leur identité. 


La pagode, cœur de la communauté khmère 

Nous avons suivi un ami khmer, Thach Ri Con, de retour dans son village natal à Trà Vinh à l'occasion de la fête traditionnelle Chol Chnam Thmay. L'endroit où nous sommes allés en premier n'était pas sa maison, mais une pagode appelée Xoài Xiêm Moi. Thach Ri Con s'inclina devant le moine Thach Nhât, son ancien professeur, montrant son profond respect et sa gratitude envers le vieux moine. 

Selon Thach Ri Con, «les pagodes sont les lieux les plus sacrés et les plus importants des Khmers qui les fréquentent tout au long de leur vie». 

La majorité des Khmers pratiquent le Bouddhisme du Petit Véhicule (Hinayana). Les pagodes sont sacrées et très importantes dans leur vie. Il existe dans le Nam Bô (Sud) environ 600 pagodes khmères, grandes ou petites, avec plus de 10.000 moines. Certaines ont été construites il y a plusieurs siècles et sont reconnues comme reliques culturelles et architecturales nationales, telles que les pagodes Âng, Met, Hang et Doi... 

Selon le moine Thach Nhât, « les hommes khmers doivent passer une période obligatoire dans les pagodes. Sinon, ils ne sont pas reconnus comme adultes. Les Khmers ont leur propre langue et leur propre écriture. Pendant leur séjour dans les pagodes, les jeunes hommes apprennent à écrire et à parler les langues khmère et pali. Ils apprennent aussi le bouddhisme. Cela contribue à la préservation et au développement de la langue khmère, la meilleure façon de préserver leur culture traditionnelle ». 

Après leur séjour dans les pagodes, ils peuvent choisir de devenir des moines ou revenir à leur vie, en utilisant ce qu'ils ont appris pour aider leur communauté. C'est ce que Thach Ri Con a fait. Il travaille maintenant comme traducteur en khmer pour un journal multilingue de Hô Chi Minh-Ville. 

Thach Ri Con a révélé que beaucoup de ses proches à Trà Vinh sont charpentiers, construisent des bateaux ou font de la sculpture sur bois. Cela sert à préserver ce métier traditionnel des Khmers en plus d'autres artisanats comme le tissage des tapis, la poterie, la fabrication de masques et d'instruments de musique. 

Après la mort, les corps des Khmers sont incinérés et les cendres sont gardées dans des tours à l'arrière des pagodes. Les Khmers souhaitent rester à la pagode même après leur mort. 

Des festivités animées 

Nous avons été, avec Thach Ri Con, dans le quartier de Trà Cu, province de Trà Vinh, pour en savoir plus sur la vie et la culture des Khmers. Nous avons compris l’importance de la culture traditionnelle des Khmers, qu'ils se perpétuent de génération en génération. 

Quand arrive la récolte, Thach Ri Con retourne dans son village natal. Il nous a expliqué qu'il existait parmi la population khmère de nombreux rites et pratiques concernant la vie agricole. A l'occasion de la fête Oc Om Bok organisée chaque année le 15e jour du 10e mois selon le calendrier khmer (le dernier jour de l'été), après la récolte, les gens donnent en offrandes des céréales pour adorer la lune en exprimant leurs remerciements. Lors du Nouvel An Chol Chnam Thmay, ils offrent de la nourriture aux moines, prient pour une bonne santé ainsi que des conditions météorologiques favorables aux cultures. 

Lorsque Thach Ri Con nous a emmenés dans  la pagode Xoài Xiêm, nous avons découvert une atmosphère trépidante. Les moines se préparaient activement pour le Chol Chnam Thmay. Khâu Thi Hoa, âgée de 54 ans, nous a confié: «Plusieurs jours avant la fête, les fidèles viennent aider les moines à nettoyer les pagodes. Moi et ma sœur, nous y allons, c’est une tradition». 

En outre, plusieurs jours avant la fête, les Khmers installent des tertres ou du sable dans les cours de la pagode pour prier pour le bonheur et la bonne chance, avant de nettoyer leurs maisons. Ils préparent des gâteaux de différentes sortes tels que "banh tet" (gâteau de riz gluant), "banh ît" (gâteau rond en poudre de riz gluant au sucre), "banh gung" (gâteau au gingembre), gâteaux aux fruits, outre des bâtons d'encens pour le culte à la pagode. 

Plus de 1,3 million de Khmers vivent au Vietnam, dont la majorité dans le delta du Mékong. Parmi les 54 ethnies du pays, les Khmers occupent le deuxième rang sur le classement par population, après les Kinh («ethnie majoritaire»). Les Khmers vivent principalement dans les provinces de Trà Vinh, Soc Trang, Kiên Giang, An Giang, Bac Liêu, Vinh Long et dans la ville de Cân Tho... 

Au cours des trois jours du Têt Chol Chnam Thmay, diverses activités culturelles sont organisées. On apporte du riz, de la nourriture et des gâteaux aux moines qui, en retour, organisent des rituels, prient pour une vie abondante et heureuse. Il y aussi le rite du bain de la statue du Bouddha. L'eau restante est utilisée pour nettoyer les pieds des personnes âgées en signe de gratitude. 

Thach Sam Khan, âgé de 37 ans, qui a fait des offrandes à la pagode Xoài Xiêm Moi, a confié: «Je prie sincèrement le Bouddha d'apporter bonne santé et sécurité à mes grands-parents, parents et aux autres membres de ma famille». 

Au cours d'une année, il y a plus de dix fêtes dans la communauté khmère du Nam Bô, les trois principaux étant Sene Dolta, Chol Cham Thmay et Ok Om Bok. 

A l’approche du réveillon du Nouvel An, les Khmers préparent des fruits, des bâtons d'encens et des lampes au kérosène. Le rituel vise à reconduire l'ancien Tevoda (Génie) au Ciel et à accueillir le nouveau sur terre. Les Khmers pensent que chaque année, une fée descend sur terre et prend soin de leur vie. Le bonze Trân Dân, de la pagode de K'tung, nous a dit que les pagodes informent les gens de l'heure du Nouvel An afin qu'ils puissent se préparer, chanter des prières et marcher en procession. 

Les nuits du Nouvel An, des arts, des chants et des danses traditionnels sont organisés dans les pagodes. Le Dù Kê, un opéra traditionnel, attire un public nombreux. 

La vie culturelle et spirituelle des Khmers de la province de Trà Vinh, et de tout le Nam Bô en général, est donc particulièrement vivace. Elle porte des empreintes culturelles originales et est étroitement associée aux croyances et à la vie religieuse. Les Khmers vivent une vie simple, calme et heureuse, au sein de la grande famille multiethnique vietnamienne.-VNI/VNA/VI

 


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