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Tensions commerciales sino-américaines: la maroquinerie du Vietnam sera-t-elle affectée?

 "Ces prochains mois, avec le textile-habillement, le secteur de la chaussure et du cuir du Vietnam devrait faire face à de grands défis dus aux tensions commerciales sino-américaines croissantes».


C’est ce qu’a estimé Diêp Thanh Kiêt, vice-président de l’Association du cuir et des chaussures du Vietnam (Lefaso).

Selon lui, les nouveaux tarifs douaniers américains, entrés en vigueur le 6 juillet dernier, affectent plus de 800 produits chinois dont la majorité sont des produits de hautes technologies et à haute valeur ajoutée comme automobiles, disques durs ou composants d’avions, télévisions et téléphones…

«Cependant, après cette première phase, dans le cas où les frictions commerciales sino-américaines ne seraient pas encore atténuées, il y aura probablement une 2e phase d’imposition de taxes douanières sur d’autres produits chinois, dont chaussures et produits textiles. Cela se traduira pour la maroquinerie du Vietnam par une hausse spectaculaire du nombre de commandes de chaussures issues des entreprises étrangères – qui sont implantées en Chine et sont aussi des fournisseurs pour les partenaires américaines - parce qu’elles veulent éviter la taxe douanière élevée que la partie américaine impose sur les produits de ce secteur fabriqués en Chine», a précisé Diêp Thanh Kiêt.

De plus, il est possible qu’il y ait une délocalisation des activités des investisseurs étrangers de ce secteur de la Chine vers le Vietnam afin de réduire leur dépendance vis-à-vis des matières premières chinoises et d’éviter la copie de modèles des produits ou la contrefaçon qui inondent ce pays.

Ce ne sont pas vraiment des opportunités pour ce secteur national.

Selon de nombreux experts de la Lefaso, si on ne contrôle pas étroitement et rigoureusement les capitaux d’investissement étrangers – notamment chinois - injectés dans la maroquinerie au Vietnam, ce dernier devra faire face à de grands défis. En effet, les investissements chinois au Vietnam s’accompagnent peu de transferts de technologies (à la différence des investissements européens) et, en plus, nuisent parfois à l’environnement. A quoi s’ajoute le risque d’augmentation des procès commerciaux créés par la partie américaine.

«Cela a pour but d’éviter la situation selon laquelle les entreprises importeraient massivement au Vietnam des produits de chaussures "presque finis" de Chine, et après n’effectueraient que quelques phases de production très simples pour valider leur origine "made in Vietnam" avant de les exporter aux États-Unis. Ce serait très grave et dangereux pour ce secteur national», a souligné Diep Thanh Kiet.

«Dans le passée, certains modèles de chaussures en cuir produits au Vietnam se sont vus imposer par l’Europe de nouvelles mesures anti-dumping du fait que l’Europe avait constaté, après avoir appliqué des taxes anti-dumping sur certains produits de chaussures de Chine, une hausse "extraordinaire" sur son sol des chaussures en cuir "made in Vietnam". Cette histoire peut se répéter avec les États-Unis», a alerté le dirigeant de la Lefaso.

Actuellement, les États-Unis sont en tête des marchés importateurs de produits vietnamiens de la maroquinerie, en représentant 38% du total des exportations vietnamiennes de ces produits. Pour 2018, un taux de 40% est attendu. -CPV/VNA/VI


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