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Le Têt et ses évolutions dans une société en mutation


Encore beaucoup de familles confectionnent des "bánh chung" lors du Têt. Photo: CVN
Si de plus en plus de jeunes voyagent pendant les jours fériés du Têt, de nombreuses personnes choisissent encore de rester chez elles. Mais tous respectent les valeurs sacrées du Têt traditionnel.

Selon Nguyên Tu, 82 ans et domicilié dans l’arrondissement de Dông Da, à Hanoï, le Têt Nguyên Ðán (Têt traditionnel des Vietnamiens) dans le passé était inoubliable et rien ne peut le remplacer.

"Pour les personnes de notre génération, le Têt, cela évoque les bons morceaux de viande, les oignons salés, les sentences parallèles... Le Têt était le moment des retrouvailles, des vœux, des enfants vêtus de nouveaux habits…", se rappelle avec nostalgie M. Tu. Et d’ajouter que "du 25e au 30e jour du dernier mois lunaire, régnait une atmosphère fébrile et animée. Toutes les familles se réunissaient pour faire des +bánh chung+. La communion et le partage constituaient des points remarquables. Bien que la vie était difficile, tout le monde accueillait le Têt du mieux qu’il pouvait".

Dans la mémoire de nombreuses personnes âgées, la préparation du Têt était la grande affaire des femmes. Elles devaient préparer une myriade de choses : nourriture pour les trois jours fériés,  achat des produits pour le mâm ngu qua (plateau aux cinq fruits installé sur l’autel) et ingrédients  (viandes, feuille dong, haricots…) pour faire les bánh chung, entre autres.

Quant aux hommes, ils avaient la responsabilité de nettoyer l’autel, d’y placer solennellement le mâm ngu qua et, surtout, au nom de leur famille, de prier pour une année de prospérité.

De nombreux chercheurs en culture affirment également que dans le passé, bien du temps était nécessaire à la préparation des produits de première nécessité. Cela créait une atmosphère animée des semaines, voire des mois auparavant.

Une redéfinition dans la vie moderne

Aujourd’hui, la perception des Vietnamiens envers le Têt lunaire a quelque peu changé. Si les enfants travaillent ou étudient au loin, il n’est pas nécessaire qu’ils soient absolument présents pendant le Têt. Les spécialités du Têt dont la préparation demandait beaucoup d’efforts et de temps,  peuvent désormais être achetées dans les magasins  et supermarchés.

Lors du Têt, nombreuses également sont les familles qui souhaitent profiter de cette période de congé pour voyager dans différentes régions du pays, voire à l’étranger. Si les visites de famille et d’amis demeurent importantes et sacrées, elles peuvent être réalisées plus tard, à leur retour ou avant de partir.

Dans une société en pleine mutation, ces changements sont inéluctables. Cela ne signifie pas la disparition du Têt traditionnel ou son rejet, mais seulement une redéfinition de sa place dans la vie moderne. Le Têt demeure important, mais de moins en moins de gens ont envie d’y consacrer des semaines à temps plein. Et avec la démocratisation des vols aériens par les compagnies low-cost, l’émergence d’une société des loisirs, des conditions de vie bien meilleures qu’autrefois, il est normal que de plus en plus de gens souhaitent "mettre les voiles" pour découvrir d’autres régions du pays lors de cette longue période de jours fériés.

Dans le passé, pour préparer le Nouvel An lunaire, tous les membres de la famille étaient mobilisés des mois avant son arrivée. Mais à présent, le temps disponible s’est nettement réduit, et en général les prépa-ratifs se concentrent quelques jours avant le jour J. Si l’atmosphère n’est plus aussi animée qu’autrefois, l’enthou-siasme, les rencontres et la convivialité sont toujours au rendez-vous.

Au fil du temps, les gens, les pensées, les actions… évoluent. Aussi, est-il normal que le Têt ne déroge pas à la règle. La façon de l’accueillir change, avec à la fois des aspects positifs et négatifs. La chose la plus importante et qui devrait rester immuable est naturellement de préserver la culture du Têt en harmonie avec la société actuelle. -CVN/VNA/VI


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