Disciple de Pasteur, le docteur français Alexandre Yersin auquel on doit la découverte du bacille de la peste, fut également un explorateur, un bactériologiste mais avant tout un amoureux du Vietnam. Né en 1863 en Suisse, il a passé la moitié de sa vie à Nha Trang (Sud) qu’il considérait comme son deuxième pays. La résidence qu’il occupait dans cette ville est devenue le musée Yersin.

Le musée Yersin se trouve au premier étage d’une maison située dans l’enceinte de l’Institut Pasteur à Nha Trang. Dans cette pièce de 100m2 sont conservés, presque intacts, les objets familiers du chercheur français. Sa bibliothèque recèle de précieux ouvrages, allant de la littérature classique aux ouvrages médicaux, en passant par des livres d’astronomie et de géographie. Sur les murs, sont encore affichées des photos de Yersin, prises lors de ses excursions au Vietnam avec les populations locales.

Quand en 1891, Alexandre Yersin découvre la ville de Nha Trang, il a un tel coup de foudre pour ce petit village de pêcheurs si calme et si charmant qu’il décide de s’y installer.

Il est alors le premier médecin européen à exercer dans la région. Généreux, il soigne gratuitement les plus démunis et adore les enfants. Monsieur Tu, comme le surnommait les enfants, les accueille alors chez lui pour regarder un film ou des albums de photographies. Quach Giao était l’un de ces enfants. Il se souvient:

«Deux fois par semaine, le jeudi et samedi, monsieur Tu nous faisait regarder des films sur les animaux ou sur Charlie Chaplin. Il a aussi fait découvrir la culture européenne aux pêcheurs les plus pauvres. Il était très généreux!»

Si Alexandre Yersin a choisi de mener une vie d’ermite au Vietnam, sa carrière en France a été brillante. Découvreur du bacille de la peste, il est  également le premier recteur de l’École de Médecine d’Indochine, l’actuelle Université de médecine de Hanoï. Il explore une région qui deviendra en 1899 la ville de Dalat, la principale station de villégiature des Européens. Sous son influence, les autorités françaises en Indochine créent un institut d’océanographie et entreprennent des recherches sur la météorologie, la géographie, et l’astronomie. Nguyên Hoàng Doan Thuc, une responsable du musée Yersin, précise:

«Nous conservons encore des documents signés de Yersin sur la création de l’Institut océanographique de Nha Trang, les relevés des tempêtes établis entre 1909 et 1942 et des cartes astronomiques. Alexandre Yersin a aussi relevé le niveau des marées dans une vingtaine de journaux. Ce sont des archives tout à fait uniques sur la vie de Yersin au Vietnam.»
Le souvenir de ce grand savant humaniste sont présentes un peu partout à Nha Trang : le grand parc qui borde le littoral porte son nom et les habitants lui ont dédié un temple. Sa sépulture, située à 20 km de Nha Trang, dans la ville de Suôi Dâu,  a été classée vestige culturel national en 1990 ce qui constitue  un honneur sans précédent pour un étranger.-VOV/VNA/VI