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Vietnam–France: un partenariat solide pour bâtir l’avenir de l’innovation

Avec la résolution 57, adoptée en décembre 2024, le Vietnam affirme sa volonté de faire de l’innovation, de la science et de la technologie, les piliers de son futur développement. Cette ambition stratégique, à la fois audacieuse et visionnaire, est soutenue par la France qui, forte de son expertise scientifique et de son partenariat stratégique avec Hanoï, souhaite accompagner le pays dans cette voie.

Avec la résolution 57, adoptée en décembre 2024, le Vietnam affirme sa volonté de faire de l’innovation, de la science et de la technologie, les piliers de son futur développement. Cette ambition stratégique, à la fois audacieuse et visionnaire, est soutenue par la France qui, forte de son expertise scientifique et de son partenariat stratégique avec Hanoï, souhaite accompagner le pays dans cette voie. Olivier Brochet, ambassadeur de France au Vietnam, nous éclaire sur les enjeux et les perspectives de cette nouvelle dynamique.

La résolution 57 répond à une analyse particulièrement lucide des autorités vietnamiennes sur le tournant que connaît actuellement le pays. Après un développement extrêmement rapide au cours des 25 dernières années, le Vietnam se trouve aujourd’hui confronté à une stagnation de sa productivité. Pour éviter le piège dans lequel se retrouvent certains pays émergents, le Vietnam fait le choix d’investir massivement dans la recherche et l’innovation, afin d’accroître la valeur ajoutée de sa production et de renforcer ses capacités globales. Cet engagement vise non seulement à atteindre les objectifs de développement du pays, mais aussi à honorer les engagements pris, notamment dans le cadre des conférences internationales sur le climat, pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050. C’est une stratégie claire, parfaitement lisible, que nous comprenons et soutenons pleinement. Le partenariat stratégique global entre la France et le Vietnam nous offre d’ailleurs un cadre privilégié pour accompagner cette orientation ambitieuse et renforcer notre coopération dans ce domaine.

– Lors de la visite d’État du président Macron, un nouvel accord a été signé pour renforcer la coopération franco-vietnamienne en recherche, innovation, formation et économie. Comment ces initiatives vont-elles concrètement transformer et intensifier les échanges entre nos deux pays?

Cet accord permettra d’intensifier les relations entre nos universités, nos laboratoires de recherche tout en facilitant la mobilité des chercheurs notamment grâce au lancement d’un nouveau programme, appelé programme Hubert Curien en France visant à simplifier ces mobilités.

Le deuxième axe de coopération porte sur la formation. Nous souhaitons renforcer davantage notre collaboration avec les trois universités franco-vietnamiennes, déjà implantées depuis plusieurs décennies au Vietnam. Je pense à l’Université des sciences et technologies de Hanoi qui maintenant a atteint un rythme de développement tout à fait intéressant et qui va permettre de répondre en partie aux besoins du Vietnam en termes de formation de techniciens supérieurs et d’ingénieurs. Je pense aussi au programme de formation des ingénieurs d’excellence qui est un programme avec lequel les trois grands polytechniques du Vietnam à Hanoi, à Dà Nang, à Hô Chi Minh-Ville et également la faculté d’ingénierie, sont en partenariat avec un consortium des plus grandes écoles et universités françaises et qui a permis déjà à des milliers d’étudiants vietnamiens d’obtenir un diplôme d’ingénieur reconnu par la France, reconnu en Europe et donc qui leur permet aujourd’hui de travailler dans les administrations comme dans les entreprises vietnamiennes au meilleur niveau. Et puis également le troisième campus qui est le CFVG, le Centre franco-vietnamien de formation à la gestion qui délivre un quart des MBA au Vietnam et qui a toute sa place aussi dans l’accompagnement du développement économique du Vietnam. Ainsi nous allons continuer à développer ces trois grands pôles, en augmentant notamment les bourses destinées aux étudiants vietnamiens.

– Au-delà de l’éducation, quels autres domaines d’innovation, de science et de technologie bénéficient aujourd’hui d’une coopération franco-vietnamienne renforcée?

De nombreux projets de coopération économique et industrielle sont en cours. Nous veillons, en partenariat avec les entreprises françaises et vietnamiennes, à ce que tous les projets qui sont élaborés intègrent systématiquement des formations et des transferts de technologie, conformément aux objectifs des autorités vietnamiennes.

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Le forum French Tech Vietnam 2025 s’est tenu le 27 mai à Hô Chi Minh-Ville, marquant le coup d’envoi de l’Année de l’Innovation France – Vietnam. Photo: Ambassade de France

– Comment évaluez-vous l’attractivité du marché vietnamien pour les entreprises françaises, notamment dans les secteurs de l’innovation et des hautes technologies?

C’est un marché qui possède tous les atouts pour attirer investisseurs et entreprises, grâce notamment à une main-d’œuvre reconnue pour sa qualité, une dynamique économique exceptionnelle et la croissance d’un marché intérieur prometteur. Par ailleurs, le Vietnam offre aux entreprises multinationales la possibilité de s’intégrer comme un pôle de production à haute valeur ajoutée.

Aujourd’hui, des investissements sont déjà réalisés dans des secteurs stratégiques tels que les transports, l’énergie, mais aussi la santé. Cela dit, le climat économique doit encore être facilité et amélioré, un enjeu bien compris par les autorités vietnamiennes. De nombreuses réformes et évolutions réglementaires ont été engagées et vont dans la bonne direction. Nous espérons que cette dynamique se poursuive, car ces avancées encourageront de plus en plus d’entreprises françaises, européennes et internationales à investir au Vietnam.

– Quels sont, selon vous, les projets phares qui incarnent la dynamique de la coopération franco-vietnamienne dans des secteurs stratégiques comme l’aéronautique, les technologies de pointe et l’intelligence artificielle?

De nombreuses entreprises françaises sont déjà implantées au Vietnam, ou ont été créées par des Français vivant sur place. Parmi les secteurs majeurs, l’aéronautique occupe une place de choix. Le Vietnam est en effet un marché clé pour Airbus, comme en témoignent les récentes commandes de Vietjet lors de la visite présidentielle et au salon du Bourget. Mais au-delà de la simple vente d’avions, Airbus fait fabriquer depuis plusieurs mois des portes pour les A320 ici même, illustrant un transfert de technologie et l’intégration progressive des entreprises vietnamiennes dans cette chaîne de valeur très exigeante.

La coopération s’étend également au domaine spatial: elle a été renforcée lors de la visite présidentielle avec la signature d’un accord entre Airbus Space, l’AVAST et le Centre National des Études Spatiales (CNES) pour intensifier les partenariats dans ce secteur. Le secteur des transports, notamment le ferroviaire, présente aussi un fort potentiel, selon les orientations que prendra le Vietnam.

En ce qui concerne les semi-conducteurs, nous en sommes encore à une phase exploratoire, mais le potentiel de développement est réel. Par ailleurs, l’intelligence artificielle, qui succède à cette étape, est un domaine dans lequel la France excelle. Enfin, l’énergie constitue un autre secteur clé, avec une coopération en pleine expansion.

À l’occasion de la visite présidentielle, nous avons lancé l’Année de l’innovation France-Vietnam 2025-2026. Durant les 18 prochains mois, nous organiserons de nombreuses manifestations en collaboration avec le National Innovation Center vietnamien, afin de déployer tout le potentiel d’innovation issu de la coopération entre entreprises, laboratoires et universités des deux pays. – VOV/VNA/VI


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