Originaire de la province de Hung Yên, Nguyên Manh Cuong est allé à Dak Lak au début des années 1970 avec le désir de se lancer dans la culture et la vente de café. En 1994, en passant devant une boutique d’oiseaux d'ornement à Buôn Ma Thuôt, il tombe sur deux bébés civettes, et décide de les acheter pour les élever.
Ses civettes ont grandi et Cuong a eu l'idée d'élever cette espèce en danger d'extinction au Tây Nguyên (Hauts plateaux du Centre). Après l'achat de deux autres civettes, il a demandé la permission d'élevage auprès de l'agence de gestion forestière locale.
Se rappelant ces années, Cuong a expliqué: «Je suis allé dans les villages d'ethnie Edé à Ea Sup pour me renseigner sur la reproduction des civettes et j’ai appliqué cela aux miennes». En 2009, un premier couple se reproduit.
Civette mangeant des baies de café dans la ferme de Kiên Cuong.
Les fruits de café donnant à manger aux civettes doivent être mûrs et grands.
Une culture de café pour les civettes de Kiên Cuong.
Outre les baies de café, les civettes reçoivent d'autres aliments.
Les agriculteurs doivent vérifier régulièrement la santé des civettes.
Chaque année, Kiên Cuong produit 900 kg de « café de civette » |
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Le «café de civette» de l’entreprise Kiên Cuong est une marque déposée. Elle a aussi reçu un «Brevet pour la méthode de production de café de civette » par le Département de la propriété intellectuelle (ministère de la Science et de la Technologie). En 2011, l’organisation Global Competitiveness Facility (GCF) a signé un accord avec l’entreprise Kiên Cuong sur le financement du projet «Services techniques pour élever et fournir les civettes de reproduction, production et transformation du café de civette pour l'exportation».
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Une fois les civettes capables de se reproduire, Cuong se met en tête l’idée de produire du cà phê chồn (« café de civette ») considéré comme le «roi des cafés». Mais quand il se lance dans la mise en œuvre, il rencontre pas mal de difficultés. La première est le besoin d'un grand nombre de civettes. Il lui faut cinq ans pour passer de 4 animaux à.. 270.
Ensuite l’autre grande difficulté à laquelle Cuong a dû faire face, c’est apprendre le processus de production du cà phê chồn. En 2000, le plus célèbre café de civette du monde venait d'Indonésie, et la façon de produire ce café était encore un secret. Cuong est allé dans chaque hameau des ethnies Edé et M’nông à Buôn Dôn (district de Lac) pour apprendre auprès d’anciens.
Finalement, les premières tasses de « café de civette » ont vu le jour. En 2012, Le chef cuisinier Martin Yan a visité la ferme de Cuong et a fait l’éloge de son « café de civette » dénommé « Kiên Cuong ».
Cuong a investi ensuite dans la construction de trois exploitations spécialisées dans la culture café et l’élevage de civettes. La saison de production de café coïncide avec le moment de la récolte sur les hauts plateaux du Tây Nguyên (novembre et décembre). Les travailleurs de l'entreprise Kiên Cuong devaient aller partout à Dak Lak pour acheter les meilleurs graines.
Selon Nguyên Van Tinh, un travailleur de la ferme de Cuong, « les civettes ne sélectionnent que les baies mûres sans punaises ni pesticides. Trois à quatre heures après les avoir mangées, ils rejettent les graines de café qui ont encore l'endocarpe. Une civette défèque près de 100 grammes de graines de café par nuit ».
Torréfaction et mouture du café à l'atelier de Kiên Cuong.
Emballage du « café de civette ».
La société Kiên Cuong prête beaucoup d'attention à la sécurité alimentaire et à l'hygiène
au cours du processus de production.
Hoàng Manh Cuong a réussi à produire du « café de civette ».
Le prix actuel d’un kilo de « café de civette » sur le marché mondial est de 3000 dollars.
Le « café de civette » Kiên Cuong est devenu un label de valeur à la fois dans le pays et à l'étranger. |
L’entreprise Kiên Cuong produit chaque saison 900 kg de « café de civette » qui se vend 3.000 dollars/kg, et est principalement consommé par les Japonais et Taïwanais.
Depuis 2012, l’entreprise Kiên Cuong a ouvert des cours de formation sur les méthodes d'élevage des civettes et la production de cà phê chồn pour les agriculteurs du Tây Nguyên, aidant à leur faire prendre conscience de la conservation des civettes et de la possibilité d’augmenter fortement la valeur de leurs produits agricoles. Actuellement, plus de 20 familles de Dak Lak appliquent ce modèle./.