Le marché aux nattes ou « marché aux fantômes » de Dinh Yên
Selon de nombreux habitants du village de Dinh Yen, district de Lap Vo, province de Dong Thap (Sud), le marché aux nattes de Dinh Yên était autrefois connu sous le nom de « marché aux fantômes » car il se tient la nuit tandis que pendant la journée, tout le monde est occupé à tisser des nattes.
Le marché commence à 19 heures, avec des lumières de lampe vacillantes projetant une lueur, des nattes de différentes couleurs rouge, verte et jaune, se détachant vivement sur l'obscurité. Le « marché aux fantômes » dure environ deux heures avant de se disperser.
À la fin de la semaine, les villageois organisent un marché de nattes au sein de la maison communale de Dinh Yen, où ils font du commerce, vendent des aliments, organisent des représentations artistiques. Le village de tissage de nattes a été choisi pour le tournage de plusieurs films illustrant la culture de la région Sud-Ouest.
L'artisanat traditionnel du village, le tissage de nattes, remonte à des centaines d'années. Située le long de la rivière Hau, cette zone compte de nombreux îlots et terrains alluviaux, idéaux pour cultiver joncs et carex. Selon les chercheurs, les habitants du village de Dinh Yen trouvent leurs racines dans les plaines côtières du nord du Vietnam (en particulier les provinces Thai Binh et Nam Dinh). Lors de leur migration vers le sud, ces colons ont apporté leur artisanat traditionnel de tissage de nattes au Sud, qui y est devenu prospère.
À l'heure actuelle, l'artisanat du tissage de nattes se concentre principalement sur les communes de Dinh An et Dinh Yen, en particulier dans les hameaux d'An Loi A, An Loi B, An Khuong et An Binh au sein de la commune de Dinh Yen.
Un point remarquable est que la plupart des foyers producteurs habitent autour de la maison commune de Dinh Yen. L’image des nattes de couleur verte, jaune, rouge …. exposées au soleil autour de la maison commune et longeant des deux côtés la voie menant au village devient un image typique de ce village de métier traditionnel
La mécanisation de certaines étapes de la production comme on le voit aujourd’hui, a considérablement réduit le travail manuel et augmenté le rendement de plusieurs établissements tels que Thanh Binh, Vinh Loi et Be Hai.
Phan Van Tan, le propriétaire de l'atelier de nattes Be Hai, engagée dans l'artisanat depuis plus de 30 ans, a déclaré que sa famille, avec deux machines à tisser des joncs et carex et cinq ouvriers réguliers, est actuellement capables de produire en moyenne 50 nattes par jour.
L'atelier de Thanh Binh, situé près de la maison commune de Dinh Yen, est équipé de machines professionnelles. Il a pu atteindre une capacité de production dix fois supérieure à celle de l'atelier de Tan.
Pour tisser une natte aux motifs divers et aux couleurs résistantes, plusieurs étapes sont nécessaires. La clé consiste à sélectionner des tiges de jonc et carex uniformes et à s'assurer qu'ils sont suffisamment séchées au soleil avant de les teindre de différentes couleurs comme le vert, le rouge et le jaune dans de l'eau bouillante.
Il faut bouillir la matière colorante et tremper de petits paquets de jonc plusieurs fois dans la matière colorante. Ensuite, le jonc est séché au soleil une nouvelle fois avant le tissage. Une fois le processus de tissage terminé, les artisans coupent les bords de la natte, cousent les bords et font sécher au soleil pour la dernière fois.
En 2012, la maison commune de Dinh Yen a été reconnue vestige culturel et historique national. Un an plus tard, le tissage de nattes a été reconnu patrimoine culturel immatériel national, ce qui fait la fierté des habitants./.