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Préserver d’urgence les éléphants du Vietnam face au risque d’extinction

Depuis toujours, l’éléphant sauvage est considéré comme un symbole de puissance de la nature et demeure étroitement lié à la culture et à la spiritualité de nombreuses communautés ethniques au Vietnam.

Depuis toujours, l’éléphant sauvage est considéré comme un symbole de puissance de la nature et demeure étroitement lié à la culture et à la spiritualité de nombreuses communautés ethniques au Vietnam.

Pourtant, cette espèce emblématique est aujourd’hui menacée d’extinction, son effectif chutant de manière alarmante, ce qui appelle des mesures urgentes de conservation avec la participation de l’État, des communautés locales et des experts internationaux.

Un danger bien réel

Lors de la 12ᵉ réunion du Groupe des spécialistes de l’éléphant d’Asie (AsESG) de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les scientifiques ont averti que l’espèce est en passe de disparaître. La diminution rapide de ses effectifs exige une mobilisation forte, non seulement du Vietnam mais aussi de la communauté internationale.

Selon les statistiques, le pays ne compte plus que moins de 200 éléphants sauvages, répartis dans quelques provinces. La province de Dong Nai constitue un habitat majeur, considéré comme le « foyer » du deuxième plus grand troupeau du pays avec environ 25 à 27 individus. Dong Nai gère plus de 370.000 hectares de forêts, avec un taux de couverture de 25 %, et son territoire a été reconnu Réserve de biosphère mondiale par l’UNESCO.

Cependant, les menaces persistent : rétrécissement des forêts naturelles, fragmentation des habitats, multiplication des conflits homme–éléphant, sans oublier le braconnage. Entre les années 1990 et 2008, Dong Nai a enregistré plusieurs incidents graves, causant des pertes aussi bien humaines qu’animales.

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L’éléphant sauvage est considéré comme un symbole de puissance de la nature et demeure étroitement lié à la culture et à la spiritualité de nombreuses communautés ethniques au Vietnam. Photo ; VNA

Doan Hoai Nam, directeur adjoint du Département des forêts et de la Garde forestière (ministère de l’Agriculture et du Développement rural), a souligné : « L’éléphant d’Asie n’est pas seulement essentiel pour la biodiversité, il est aussi un symbole culturel et spirituel. La baisse dramatique de ses effectifs est un signal d’alarme pour les efforts de conservation ». Le Vietnam a déjà adopté un Plan d’action national pour la conservation de l’éléphant à l’horizon 2035, avec une vision jusqu’en 2050, visant à protéger cette espèce menacée et à promouvoir une coexistence harmonieuse entre l’homme et l’éléphant.

La voix de la communauté internationale

La présence de moins de 200 individus à l’état sauvage illustre la fragilité extrême de l’espèce. Face à cette réalité, les experts internationaux recommandent de renforcer la protection et l’extension des habitats naturels, de réduire les conflits homme–éléphant, de créer des corridors écologiques, d’éradiquer le braconnage et de promouvoir une coopération internationale accrue en matière de recherche et de conservation.

Le Dr Pruthu Fernando, membre du Groupe des spécialistes de l’éléphant d’Asie, a indiqué que le projet de conservation mené à Dong Nai avait produit des résultats positifs, servant de base à l’élaboration d’un Plan d’action national de conservation de l’éléphant depuis 2022. Ce plan est actuellement mis en œuvre dans cinq provinces et devrait être élargi à plusieurs autres d’ici 2026. « Des données fiables sont la condition première de la conservation. Seule une connaissance précise du nombre de mâles, de femelles et de jeunes éléphants permet d’évaluer le potentiel de survie et de reproduction des troupeaux dans la nature », a-t-il insisté.

De son côté, Vivek Menon, président du Groupe des spécialistes de l’éléphant d’Asie, a avancé trois priorités : préserver les habitats naturels en constante régression ; promouvoir la coexistence pacifique entre les habitants et les éléphants, notamment en réduisant les conflits liés à l’agriculture ; et surtout, mettre fin à l’abattage cruel des éléphants pour leur viande, pratique qui a déjà décimé de nombreux individus.


« Le Vietnam a déjà perdu ses tigres et ses lions. Les éléphants sont encore là, bien que classés comme espèce menacée. Il reste donc une chance de les sauver. L’essentiel est d’agir sans tarder pour qu’ils continuent à vivre dans leur milieu naturel », a-t-il averti.

Vers un avenir durable

La conservation des éléphants constitue une mission complexe, qui requiert des solutions coordonnées. Outre l’action des autorités, la participation des communautés locales joue un rôle clé. Les habitants doivent être sensibilisés à la manière d’interagir avec les éléphants, tout en bénéficiant de programmes de subsistance durables afin de devenir de véritables « gardiens des éléphants ».

Si ces mesures sont mises en œuvre efficacement, le Vietnam pourrait non seulement éviter l’extinction de cette espèce majestueuse, mais aussi offrir au monde un modèle exemplaire de protection de la biodiversité. Ce succès témoignerait de la volonté commune de l’État, des communautés et de la communauté internationale de préserver un symbole naturel et culturel unique du Vietnam. - VNA/VI


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