Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO a décidé de passer le « Hat xoan Phu Tho » ou chant Hat xoan (chant pritanier) de la liste des patrimoines à sauvegarder d’urgence à celle des patrimoines culturels immatériels de l’Humanité. Le « Hat xoan Phu Tho» est devenu un phénomène qui attire l’attention de tous ceux que la culture vietnamienne intéresse.
En novembre 2011, le « Hat xoan Phu Tho » a été reconnu par l’UNESCO en tant que « patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde d’urgence ». Quatre années après, en octobre 2015, Nguyen Dac Thuy, directeur ajoint du Service de la Culture, du Sport et du Tourisme de la province de Phu Tho, venait en France faire un rapport à l’UNESCO sur les résultats de préservation des patrimoines.
Mme Cécile Duvelle, chef de la Section du Patrimoine immatériel de l’Uncesco, a examiné le dossier et conclu que les résultats de préservation du Hat xoan étaient extrêmement bons, ce qui permettait de le sortir de la liste des patrimoines à sauvegarder d’urgence.
En 2011, le Hat xoan a été reconnu par l’UNESCO patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde d’urgence.
Photo d’archives
Tenues de chanteur et chanteuse de Hat xoan exposées au théâtre Miêu Lai Len, ville de Viet Tri, province de Phu Tho.
Photo: Công Dat
Les instruments de musique du Hat xoan se composent de trois claquettes en bambou et d’un tambourin. Photo: Công Dat
D’autres outils du Hat xoan: éventail chinois, claquettes, fiole à alcool …. Photo: Công Dat
Le temple Hung Lo est un lieu d’interprétation du Hat xoan au service des touristes. Photo: Tât Son |
Comme la convention de 2003 de l’UNESCO stipule qu’un patrimoine ne peut pas figurer simultannément dans les deux listes, Nguyen Dac Thuy a demandé à Mme Duvelle, au nom de la province de Phu Tho, d’insérer le Hat xoan dans la liste des patrimoines culturels immatériels de l’Humanité.
A la 10e réunion du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, tenue en octobre 2011 en Namibie, l’organisation a rédigé une résolution spéciale pour le Hat xoan.
Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO a convenu, le 8 décembre 2017, de faire sortir le Hat xoan de la liste des patrimoines culturels immatériels nécessitant une sauvegarde d’urgente, et l’a placé, lors de sa 12e session tenue en décembre 2017 au Centre des conférences internationales de Jeju (République de Corée), dans celle des patrimoines culturels immatériels de l’Humanité./.
Nguyên Thi Lich, un trésor vivant du Hat xoan
Dans la province de Phu Tho, terre ancestrale des rois Hung fondateurs du pays, l’artiste Nguyên Thi Lich est devenue un phénomène sans précédent dans l’histoire pluriséculaire du chant Hat xoan.
Nguyên Thi Lich, un cas sans précédent dans l’histoire du chant Hat xoan.
Dans la province de Phu Tho, aux termes d’un statut séculaire, seul un homme pouvait être nommé chef d’un quartier de Hat xoan. Cependant, Nguyên Thi Lich, avec ses qualités exceptionnelles, a bouleversé les traditions et a été élue à ce poste.
L’artiste Nguyên Thi Lich participe à la formation de jeunes de la province de Phu Tho, tout en maintenant l’activité de
son quartier de Hat xoan d’An Thai. Photo: Tât Son
Le quartier de Hat xoan d’An Thai, de l’artiste Nguyên Thi Lich, réunit une centaine de membres. Photo: Tât Son
Les paroles et danses du Hat xoan s’inspirent de la vie des paysans de Phu Tho. Photo: Công Dat |
Le père de Mme Lich était Nguyên Tat Thang, un chef d’un quartier de Hat xoan. Avant sa mort, il a remis à sa petite fille, Lich, 5 ans, un carnet où étaient inscrits la totalité des 31 anciens airs de Hat xoan, avec le souhait qu’elle conserve et transmette cet héritage familial.
Grâce à son grand-père, dès l’âge de 13 ans, la fillette maîtrisait déjà tous les airs traditionnels de Hat xoan. En 1979, Lich inaugurait le premier cours gratuit de Hat xoan, toujours actif de nos jours. Ses élèves sont présents dans l’ensemble de la province de Phu Tho, parmi eux l’artiste Nguyên Thi Nga, devenue cheffe du quartier de Hat xoan de Kim Duc, deuxième cas de femme élue à la tête d’un quartier de Hat xoan à Phu Tho.
Maîtres du patrimoine
En 2011, lorsque le Hat xoan est entré dans la liste de l’UNESCO des patrimoines à sauvegarder d’urgence, Mme Lich était l’un des 7 rares artistes capables d’interpréter tous les anciens airs du genre.
L’artiste Lich est chef du premier quartier de Hat xoan. Photo: Tât Son
Le quartier de Hat xoan d’An Thai, dirigé par l’artiste Lich, se tient depuis quatre années, les samedi et dimanche.
Photo: Tât Son
Il existe quatre clubs de Hat xoan à Phu Tho. Photo: Tât Son
Les danses du Hat xoan harmonisent musique, poème et rythmes. Photo: Tât Son
Des chanteuses du club de Hat xoan d’An Thai. Photo: Tât Son |
Et quand le programme «Préservation et développement des artistes d’arts traditionnels » a été lancé par la province de Phu Tho, Mme Lich et 6 autres eurent pour tâche de maintenir l’activité des quatre quartiers de Hat xoan et de donner des cours de chant.
En quatre ans, Mme Lich a formé 68 artistes et la province a rédigé un statut d’« Artiste de Hat xoan », ce pour encourager et reconnaître les contributions de ces artistes./.
La légende dit qu’au retour triomphant d’une bataille contre les envahisseurs étrangers, un roi Hung rencontra des gardiens de buffles. Le roi leur apprit des airs et danses du royaume de Van Lang, fondé par le fils aîné de Lac Long Quan. Celui-ci monta sur le trône sous le nom de Hung Vuong et le pays pris pour nom Van Lang. Le temple Lai Len fut érigé dans la commune de Kim Duc, ville de Phu Tho, et servit de maison de culte aux fondateurs du Hat xoan. Selon d’anciens documents, ce temple fut le premier théâtre des Vietnamiens.
Propager le Hat xoan auprès de la communauté
Un patrimoine qui revit
Mme Nguyên Thi Thu, directrice du club de Hat xoan n° 5, au quartier de Van Phu, ville de Viet Tri, province de Phu Tho, n’avait auparavant aucune attirance particulière sur le Hat Xoan.
En 2003, lors d’une cérémonie de culte dédiée aux rois Hung, dans un temple qui leur est dédié, elle a vu des artistes interpréter des airs et, depuis, cet art vocal ne cesse de l’envoûter.
Plusieurs clubs de Hat xoan ont vu le jour à Phu Tho. Photo: Công Dat
Le club de Hat xoan No 5, au quartier de Van Phu, ville de Viêt Tri. Photo: Công Dat
Le costume de la chanteuse de Hat xoan se compose d’une tunique traditionnelle rouge et d’un foulard traditionnel dit
en « bec de corbeau » (mỏ quạ). Photo: Công Dat
Les danses du Hat xoan décrivent la vie quotidienne des paysans sur la terre ancestrale des rois Hung. Photo: Công Dat
A l’école primaire Kim Duc, le Hat xoan est enseigné lors des cours de musique, mais aussi d’histoire et de géographie.
Photo: Công Dat |
Lorsqu’elle a appris que l’ancien temple situé dans son quartier était dédié au culte des rois Hung et que le Vietnam avait une légende sur l’édification du pays liée aux 18 rois Hung, l’idée de créer un club de Hat xoan lui est venue à l’esprit.
Actuellement, la totalité des écoles primaires et secondaires, lycées et écoles supérieures de la ville de Viet Tri enseignent le Hat xoan, dans le cadre de leur cours et des activités extrascolaires. |
La première chose qu’elle a faite, ce fut de contacter l’artiste Nguyen Thi Lich et de lui demander de lui apprendre le Hat Xoan. Trois ans plus tard, en 2006, elle créait son propre club, avec 10 membres au départ. Ils sont actuellement 96 - le benjamin a 5 ans et l’aîné, plus de 70 ans.
Soutenu par l’administration de la province, le programme «Préservation et développement des artistes d’arts traditionnels » a été lancé. L’école primaire Kim Duc, commune de Kim Duc, ville de Viêt Tri, a désormais comme slogan « A Kim Duc, on sait interpréter le Hat xoan ». Depuis 1993, ce chant est enseigné en cours de musique.
En 2011, lorsque le Hat Xoan a été reconnu par l’UNESCO, l’école primaire Kim Duc est devenue le premier établissement éducatif de Viêt Tri à enseigner cet art folklorique.
Le Hat xoan, un atout pour le tourisme
En 2015, la province de Phu Tho a fait du Hat xoan un produit touristique typique de sa localité, selon son plan 2015-2020 de développement touristique, et a construit deux circuits touristiques liés à cet art: chant Hat xoan dans d’anciens villages (Hat xoan làng cổ) et « City tour ».
Le premier propose des séances de chant interprétées dans d’anciens temples de Phu Tho. « Les artistes de votre pays ont élaboré de belles mélodies, subtiles et délicates, accompagnées de deux instruments de musique rudimentaires», a confié Andren Smith, un touriste canadien spécialisé en recherches culturelles, après avoir effectué ce circuit.
Le Hat xoan est depuis 2015 un produit touristique de la province de Phu Tho. Photo: Tât Son
Interprétation de Hat xoan au temple Hung Lo, devant des touristes. Photo: Công Dat |
Avec le circuit « City Tour », le touriste peut assister à une séance d’interprétation de Hat xoan et visiter des sites touristiques locaux tels que temple Cai Len, temple des rois Hung ou celui de Tam Giang …./.
Texte: Thao Vy – Photos: Cong Dat ,Tât Son et archives