La victoire de Ðiên Biên Phu – force politique, spirituelle et intellectuelle du Vietnam

La victoire de Ðiên Biên Phu constitue un jalon éclatant dans la lutte contre le colonialisme pour lindépendance nationale dans le XX e siècle. Il sagissait dun des grands combats stratégiques les plus représentatifs traduisant de façon la plus complète la force de la nation et du siècle dans lhistoire millénaire de la lutte pour la sauvegarde de la Patrie de notre peuple.


Le 6, décembre 1953,
le Président Hô et les dirigeants du Parti décident de déclencher l’opération Điên Biên Phu.nbsp;nbsp;


Le Président Hô Chi Minh donne l’ordre au général Vo Nguyên Giap de passerà l’action.nbsp;nbsp;


Le commandement de l’opération Điên Viên
Phu présidé par le général Vo Nguyên Giap décide de changer la devise «nbsp;Attaque éclair, victoire éclairnbsp;» par «nbsp;Attaque sûre avance sûrenbsp;».


En marche vers le front.nbsp;nbsp;


Déplacement des canons
sur les sentiers desnbsp; montagnes.


Plus de 20.000 bicyclettes au service
du front.


Soldats du génie,
travailleurs civiques et jeunes de choc construisent la route Tuân Giao – Điên Biên Phu.


Camions de transport
en direction du front.


Le commissaire politique
de la division 3nbsp; remet le drapeau «Décidé à combattre et à vaincre»
du Président Hô Chi Minh à la compagnie 243chargée d’attaquer
le centre de résistance Him Lam (Béatrice).


Le régiment 98 (division 316) nettoie l’autre moitié de la colline C1 contrôlée par l’ennemi.


L’unité de D.C.A de la division 351 contient l’aviation ennemie pour permettre à nos soldats d’attaquer une position.


Le général de Castries
dans son P.C.


Les soldat français
nbsp;se rendent en masse.
nbsp;nbsp;

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A l’issue de leur 2e guerre d’agression contre le Vietnam, les colonialistes français ont perdu en 7 ans, plus de 300.000 soldats et officiers. Les plans Leclerc, Valluy, d’Argenlieu, Bolaërt, Pignon, Revers, de Tassigny ont fait successivement faillite. La guerre populaire du Vietnam - une guerre sans front – a frappé aussi bien l’avant que l’arrière de l’ennemi, à la campagne comme à la ville. Elle a fatigué et affaiblit les troupes françaises. Le gouvernement français a été formé et reformé dix-sept fois, cinq Haut Commissaires et six Commandants en chef du Corps expéditionnaire français (CEF) en Indochine furent successivement rappelés.Grâce à la ligne de la guerre populaire – une coordination de la guerre de guérilla et la guerre régulière – de la position passive, notre armée et notre peuple ont peu à peu atteint la position active et remporté de nombreuses victoires.

Devant les échecs successifs du CEF en Indochine, l’opinion française se trouve de plus en plus en porte à faux avec cette guerre. Situation embarrassante et sans issue. Le gouvernement français ne veut plus continuer cette guerre trop coûteuse et décevante. D’un autre côté, il n’est pas encore disposé à céder sa place aux Américains. Il estime que la meilleure solution est d’utiliser l’aide américaine financière en armements pour en sortir par une «nbsp;issue honorablenbsp;» à la table des conférence.

Le 7 mai 1953, avec l’accord des Américains, le Premier ministre français René Mayer a dépêché le général Navarre au Vietnam pour remplacer le général Salan et prendre en mains le commandement du CEF en Indochine. Le plan Navarre fut élaboré dans ces circonstances en vue de sauver l’honneur de la France.

De notre côté, choisir Ðiên Biên Phu comme champ stratégique était un choix judicieux.

Notre plan visait à diviser et à disséminer l’ennemi, à mener des activités intenses sur les autres champs de bataille, à frapper les points faibles. Ne pouvant pas les abandonner, l’ennemi devait envoyer des renforts. Pour que cette ruse se réalise, il fallait opérer une diversion.

Afin de restreindre les forces mobiles de l’ennemi – un moyen opérationnel à la fois dangereux et efficace – nous devions les disséminer sur d’autres champs de bataille et nous assurer qu’elles soient dans l’impossibilité de secourir Ðiên Biên Phu. De cette façon seulement, nous étions sûrs de remporter la victoire lors cette bataille.

Par cette ruse, nous avons mobilisé environ 70 bataillons mobiles (contre 84 bataillons mobiles ennemis) sur tous les champs de bataille de l’Indochine.

Sur le principal champ de bataille Ðiên Biên Phu, le commandement de l’opération (l’avant-garde) élabore le plan d’action suivant la formulenbsp;: «nbsp;Attaque éclair, victoire éclairnbsp;», décidé à anéantir le camps retranché de Ðiên Biên Phu en deux jours et trois nuits, dans les conditions où l’ennemi se tient encore sur une position défensive provisoire.

Après avoir écouté le rapport, le généralissime Vo Nguyên Giap, commandant en chef de l’opération, saisit grapidement la situation et propose de changer la devise opérationnelle «nbsp;Attaque éclair victoire éclairnbsp;» par «nbsp;attaque sûre, avance sûrenbsp;», Ensuite, il modifie la formation et dispose de nouveau les forces. Cette devise a été approuvée par le Comité permanent du Parti communiste du Vietnam et le Président Hô Chi Minh.

Lors de la campagne de Ðiên Biên Phu, l’ennemi se trouve déjà isolé dans une vallée encerclée et attaquée de tous côtés. Nous avions établi tout un réseau de boyaux, un système offensif et d’encerclement pour que nos troupes se déploient. Pour la première fois, nous procédions à l’encerclement et à l’offensive d’un camp retranché dans les conditions où les forces adverses étaient supérieures en armes. Tout en détruisant les force de l’ennemi (artillerie, chars et avions provenant de l’aide), avec un réseau de boyaux et la tactique «nbsp;encerclement, empiètement et destruction totalenbsp;» peu à peu, nos troupes purent serrer de près l’ennemi, se réservant la supériorité dans le temps et l’espace, créant ainsi une grande force dans le processus offensif pour anéantir totalement le camp retranché et remporter la victoire.

Notre façon d’opérer consistait à ouvrir successivement des brèches, même temps qu'empiéter. Pour attaquer une fortification solide, il fallait ouvrir des brèches pour la démolir et détruire l’ennemi, faire des percées successives avant qu'il n’ait le temps de résister, les ouvrir à tour de rôle car l’opération était desservie, par une formation très grande et très complexe, qui demandait un certain temps pour être rajustée et modifiéenbsp;; la coordination de l’ouverture des brèches avec l’empiètement nous a obligé à creuser des tranchées et boyaux, pour assurer notre force de combatnbsp;; elle a créé des points d’appui pour que nos troupes attaquent les positions adverses de façon sûre, approchent des fortifications, réduisant ainsi les pertes humaines dues aux bombardements de l’aviation et de l’artillerie ennemies.

Quant à la forme et à la disposition du combat, encercler les secteurs élevés à l’est et à l’ouest du camp, briser la défense ennemie en bas, rompre la ceinture de défense extérieure pour pénétrer en profondeur jusqu’au P.C. adverse, encercler et empiéter sur l’aérodrome afin de couper le ravitaillement par avion, l’unique voie de ravitaillement et dernier espoir de l’ennemi.

Cette tactique concordait avec les conditions du Vietnam. Elle reflètait également le génie militaire traditionnel du peuple. Comme nous manquions d’armements pour ouvrir des brèches (avions, chars, canons), nous devions utiliser cette méthode. Résoudre les contradictions dans les rapports entre les choses et agir conformément à la réalité, c’est agir par la dialectique, c’est diriger de façon méthodologique, dans un essprit novateur. Un fait intéressant et très rare dans le mondenbsp;: nos pièces d’artillerie ont été traînées à la force des bras et orientées directement sur le camp en bas. De cette façon, nos canons étaient bien protégés et leurs tirs plus précis. Les pièces étaient installées à 5 et 7 kilomètres de l’objectif. D’ordinaire, les canons de 105 mm ont une portée de 10 à 11 km. Comme nos pièces se trouvent près des fortifications ennemies, leur tir était plus précis et elles utilisaient moins de projectiles. Se trouvant sur les hauteurs, nos canons au tir précis purent contrôler l’artillerie ennemie, jusqu'à faire cesser l’artillerie française.

La victoire de Ðiên Biên Phu est la victoire de la guerre populaire qui s’illustre par des combats retentisssants comme les attaques des aéroports de Gia Lâm et de Cat Bi sur la route 5 entre Hanoi et Hai Phong, les voies ferrées, dans toute l’Indochine. A Ðiên Biên Phu, nous avons mis hors de combat 16.200 ennemis (sur les 200.000 dans toute l’Indochine). Ðiên Biên Phu a écrit une nouvelle page glorieuse dans l’histoire de notre peuple contre l’invasion étrangère.

Cette victoire ouvrait une ère nouvelle et encourageait le mouvement de libération nationale qui déferlait dans le monde, surtout sur le continent africain. Elle a créé une réaction en chaîne qui a conduit non seulement à l’indépendance dans les colonies françaises, mais a galvanisé les autres peuples opprimés.

Cette victoire reflètait l’esprit indomptable d’un peuple décidé à vaincre. Comme l’a dit le Président Hô Chi Minhnbsp;: «nbsp;Quand un peuple se lève et est décidé à combattre pour sa patrie, aucune personne, aucune force ne sauraient le vaincrenbsp;».


Le 7 mai 1954 à 17h40, le drapeau «Décidé à combattre décidé à vaincre»
flotte sur la casemate du général de Castries.

Ðiên Biên Phu occupait une position militaire stratégique extrêmement importante. Elle contrôlait toute l’immense zone du Nord-Ouest et le Haut Laos. Les Français y ont concentré 16.000 hommes comprenant 21 bataillons dont 17 d’infanterie, 3 d’artillerie, 1 du génie, une compagnie de chars, une escadrille aérienne, une compagnie de transport motorisées. L’effectif du camp atait composé de parachutistes et de 40% de forces mobiles d’élite en Indochine, lesquels étaient répartis dans les secteurs Nord, Centre et Sud. Ðiên Biên Phu est ainsi devenu le plus grand camp retranché de l’Indochine.

Le 13 mars à 17h, nos troupes bombardaient le camp de retranché de Ðiên Biên Phu.

Au cours de la première offensive du 30 mars au 17 mars, nos troupes ont anéanti les centre de résistance Him Lam (Béatrice) et Ðôc Lâp (Gabrielle) et forcé Ban Keo (Anne Marie) à se rendre. Le Nord du camp était démantelé.

Au cours de la 2e offensive du 1er à 7 mai 1954, nos troupes ont resserré l’encerclement et lancé des attaques continues. L’ennemi se trouvait dans la passivité ayant subi de grosse perte, son moral était extrêmement bas.

Au cours de la 3e offensive du 1er à 7 mai 1954, nos troupes ont complètement annihilé le camp retranché. L’opération historique de Ðiên Biên Phu s’est soldée par la victoire à notre avantage. Nous avons mis hors de combat et capturé 16.000 hommes, descendu 62 avions, récupéré et détruit tous les armements, des munitions et autres moyens de guerre.nbsp;

Général de corps d’armée, Professeur Hoàng Minh Thao


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