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Chu Thu Phuong, traductrice des poèmes d’Heinrich Heine en vietnamien

 Le public vietnamien a découvert les œuvres de Heinrich Heine grâce aux traductions des poètes vietnamiens Hoang Trung Thong, Te Hanh, Xuan Dieu et Nguyen Xuan Sanh réalisées à partir de l’anglais ou du français. En 2015 et pour la première fois, Chu Thu Phuong s’est lancée dans la traduction en vietnamien du recueil de poésies «le livre des Chants» de cet immense écrivain directement à partir de  de la version allemande. 


C’est en 2013, à la suite d’une discussion avec des amis passionnés comme elle de poésie, que Chu Thu Phuong, alors employée à l’ambassade vietnamienne en Allemagne, décide de traduire Heinrich Heine. Ayant été incapable de retranscrire correctement à ses amis ce qu’elle ressentait en lisant cet immense poète, elle décide d’entreprendre sa traduction en vietnamien. Chu Thu Phuong décide de s’attaquer à son œuvre la plus emblématique : "le livre des chants". Au début, Phuong décide de ne traduire que quelques poèmes du recueil.  Soucieuse de traduire avec exactitude le rythme, la sonorité et le sens des poèmes, elle prend la courageuse option de s’atteler à l’intégralité du recueil. 
«La beauté de ce recueil de poèmes réside dans le langage: les vers sont simples et proches de la sensibilité populaire. Cet effet de style explique que le lecteur a l’impression qu’il ne s’agit pas de poésie. C’est une critique qui est parfois formulée à l’encontre de son œuvre. Pour certains critiques littéraires allemands en revanche, c’est cette singularité qui a rendu  Heine célèbre», a fait savoir Chu Thu Phuong. 

Pendant des semaines et des semaines, après son travail à l’ambassade, Phuong s’est consacrée à la traduction de "Romancerto" et de ses 67 poèmes.  La traduction dite "brute" lui a pris plus d’un an de travail. Exigeante, Phuong s’est nourrie des conseils du professeur de littérature allemande Guenter Giesenfeld et de Marian Ngo, spécialistes de la traduction en allemand, d’œuvres vietnamiennes. Pendant deux jours, Heine, sa sensibilité, sa cadence ont été au cœur de leurs discussions. Phuong a aussi décidé de se rendre à Düsseldorf, la ville natale de Heine et de travailler avec le Nguyen Van Nam, un expert en musique pour découvrir la musicalité dans la poésie de Heine. 
Phuong explique : «La musicalité, la langue de Heine sont magnifiques. Comment restituer ce rythme en vietnamien. Voilà, la vraie question. Dans la traduction, j’ai tenté de conserver sa manière tout particulière de jouer avec les mots et la longueur de ses poèmes.» 

Certains des poèmes du recueil Romancero traduits par Chu Thu Phuong ont été mis en musique par le groupe Dong Kinh à l’occasion d’un programme consacré à Heinrich Heine à l’institut Goethe. Le poète Nguyen Duy nous confie: 
«Chu Thu Phuong a fait ses études en Allemagne. Elle comprend bien la culture et la littérature allemandes. Les poèmes de Heine avaient été traduits à partir de traductions réalisées  en français. Phuong a travaillé directement à partir de la version en allemand. J’ai lu ces traductions et je les trouve fidèles. Avoir mis les poèmes de Heine en musique a été une belle révélation.» 
Permettre au public vietnamien de découvrir les grandes œuvres de la littérature allemande est une passion pour Phuong. "Ce travail permet de rapprocher les deux pays et je suis fière d’y contribuer," a-t-elle affirmé. -VOV/VNA/VI 

 


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