Reportage thématique

Bouddhisme Theravada, le « cœur » des Khmers du Nam Bo

Le bouddhisme Theravada ou Nam Tong (dit du "Petit Véhicule") joue un rôle important et régit toute la vie matérielle et spirituelle des Khmers du Sud (ou Nam Bo). Le bouddhisme Nam Tong, à grande popularité,  oriente l’homme vers  de « bons faits et une bonne vie religieuse ». Pour cela, le bouddhisme Theravada est considéré comme le « cœur » des Khmers du Sud. 
La pagode,  cœur de la vie des Khmers 

Le jeune homme khmer dont le nom est Thach Ri Con a organisé son mariage dans son « pays » natal, la province de Tra Vinh (à 131 km de Hô Chi Minh-Ville). Lors du mariage, les époux ont fait un culte aux ancêtres et reçu les vœux de bonheur de leurs proches et amis.  Les bonzes ont formulé des vœux de bonheur au jeune couple et lui ont enseigné divers règles relatives à la vie conjugale. 

Les Khmers sont attachés toute leur vie, de la naissance à la mort, à une pagode particulière. La pagode est le centre spirituel de la communauté.  Chaque phum (hameau) ou  srôc (village) a sa propre pagode, qui est le centre des activités communautaires et religieuses. 

(Source : Eglise bouddhique du Vietnam) 
Mme Thach Ut, qui officie lors du mariage, a confié que « les bonzes sont les détenteurs du savoir au sein de la communauté khmère. Ils sont donc très respectés et l’enseignement des jeunes est également de leur responsabilité ». Les proches du marié et de la mariée ont considéré que les bonzes venus  au mariage pour donner leurs enseignements furent une chance pour la famille.

Selon le marié, Thach Ri Con,  les Khmers ont l’habitude d’offrir de la nourriture ou des légumes aux bonzes, considérant cela comme un beau trait de la culture des Khmers. 



Thach Ri Con réalise une cérémonie pour informer ses parents et grands-parents de son mariage. Photo : Thông Hai 


Cérémonie de lacer les mains du marié et de la mariée avec une ficelle symbolisant les liens conjugaux.Photo : Nguyên Luân 


Thach Ri Con accompagne son épouse à sa maison. Photo :Nguyên Luân


Le bonze Thach Nhut,  qui gère la pagode Xoai Xiêm, bénit les mariés. Photo: Thông Hai 


Lors de la fête Chôl Chnam Thmây, Thach Ri Con a lavé les pieds de ses grands-parents et parents avec de l’eau parfumée donnée par la pagode pour exprimer sa gratitude envers eux. Photo : Nguyên Luân
 

Les Khmers nettoient des statues de Bouddha pour accueillir la fête Chôl Chnam Thmây. Photo: Nguyên Luân
 

L’hôtel de culte dédié à Bouddha est magnifiquement décoré lors de la fête Chôl Chnam Thmây. Photo: Nguyên Luân


Les moines apprennent le khmer à l’école du second degré de Pali de la province de Tra Vinh. Photo: Nguyên Luân


Les Khmers écoutent des leçons sur la moralité à la pagode. Photo : Archives de la VI 

Les Khmers considèrent la réalisation de bons faits, l’offrande d’argent aux pagodes, comme des choses ordinaires. Car ils suivent  les enseignements de Bouddha dans la vie quotidienne, les prennent comme base de conduite dans l’existence.

Après le mariage, les invités sont venus visiter une pagode tout près de l’habitation de Thach Ri Con. « La vie des Khmers est liée à une pagode particulière qui est pour eux un espace sacré, une partie de leur âme. Où qu’ils vivent, ils s’orientent toujours vers la pagode de leur terre natale, et sont prêts à la soutenir soit par leur intelligence soit par des dons matériels ».

La pagode reflète le style architectural symbolique des Khmers. Ses murs et la porte d’entrée sont décorées d’images de la vie de Bouddha.  Des stupas abritant les restes des fidèles. Les Khmers sont bénis à  leur naissance par des bonzes de la pagode. Et lorsqu’ils sont adultes, ils sont protégés par le Bouddha et souhaitent à leur mort « retrouver le Bouddha ».

Selon M. Ut Thach, tous les garçons khmers, avant leur maturité, à l’âge de 12 ou 13 ans, sont envoyés par leur famille dans la pagode afin de devenir bonze temporairement ou définitivement. Cela pour montrer leur reconnaissance envers leurs parents,  apprendre des règles morales et faire leurs études de moines bouddhistes. Après ce séjour, le jeune homme peut reprendre une vie normale ou décider de devenir bonze définitivement. 


Fêtes bouddhiques 

Les légendes ou contes se rapportant aux fêtes folkloriques des Khmers du Sud à Tra Vinh sont fortement inspirés des enseignements de Bouddha. Chaque année, une dizaine de fêtes sont organisées, les trois   plus importantes étant Chôl Chnam Thmây, Ok Om Bok et Don Ta.

La pagode, pour les 1,3 million de  Khmers du Vietnam, est considérée comme « le centre de la vie religieuse », « le centre socioculturel» et aussi la « maison commune ».

(Source : Eglise bouddhique du Vietnam) )
Dans le delta du Mékong, les traditions ancestrales de l'ethnie minoritaire khmère demeurent vivaces. Les fêtes et cérémonies sont nombreuses. Qu'elles se déroulent dans le phum (hameau), le srôc (village) ou la pagode, elles reflètent toujours les croyances religieuses et les rites traditionnels de cette ethnie. La fête Chôl Chnam Thmây, qui marque le passage à une nouvelle année, est sans conteste la plus importante d'entre elles.

La fête Chôl Chnam Thmây est la plus grande et la plus importante d'entre elles. La fête, qui a lieu chaque année vers la mi-avril du calendrier grégorien, est l’occasion pour les fidèles de montrer leur gratitude envers Bouddha,   leurs parents et leurs ancêtres. Chôl Chnam Thmây  signifie en langue khmère "Entrée dans l'année nouvelle".

Quelques jours avant la fête, dans tous les villages et hameaux, l'atmosphère est de plus en plus effervescente. Tous les foyers s'apprêtent à accueillir avec fébrilité et ferveur le Nouvel An.  On se rend dans la pagode, on récite des prières et on attend l'arrivée du Génie du Nouvel An. Les personnes âgées s'agenouillent auprès des bonzes qui leur récitent des prières et les enseignements du Bouddha (Dharma), le plus sûr moyen de commencer la nouvelle année sous les meilleurs auspices. On nettoie aussi l'autel des ancêtres, on balaye la maison et on embellit les temples, le village, les chemins et les routes communales. Des banderoles de couleurs rouge, jaune et orange sont accrochées un peu partout dans les hameaux et les villages. On dépose cérémonieusement sur l'autel des ancêtres des friandises, des fleurs et des baguettes d'encens.


La cérémonie Kathina consiste à offrir des costumes et offrandes aux bonzes. Elle manifeste le lien étroit entre les habitants et le bouddhisme de Nam Tong. Photo : Viêt Cuong/VI 


Bain des statues de Bouddha lors de la fête Chôl Chnam Thmây. Photo: Nguyên Luân


Les bonzes de la pagode Kampong, province de Tra Vinh, construisent des buttes de sable pour y planter des baguettes d’encens. Photo: Nguyên Luân


Bain du bonze qui gère la pagode lors de la fête Chôl Chnam Thmây. Photo: Nguyên Luân


Les bonzes reçoivent des offrandes des fidèles lors de la fête Chôl Chnam Thmây. Photo: Nguyên Luân


La pagode Xoai Xiêm a le style architectural typique des plus de 600 pagodes du Sud. Photo: Nguyên Luân


Fidèles et bonzes participent à une cérémonie de prières devant les stupas à la mémoire des ancêtres. Photo: Nguyên Luân

Les Khmers participant aux jeux sportifs organisés à la pagode lors des festivités. Photo : archives de la VI 


Course de boeufs de Bay Nui, organisée dans le district de Tinh Bien, province d’An Giang. Photo : archives de la VI 

Durant le premier jour du Chôl Chnam Thmây, on rend visite à ses grands-parents, ses parents et ses proches, sans oublier de leur offrir des cadeaux, des fruits ou des friandises. Le jour d'accueil du Nouvel An se tient toujours dans la pagode.

Le 2e  jour est consacré à la cérémonie d'offrande de riz  aux bonzes. Avant la prise des repas, ceux-ci rendent grâce à la nourriture et à tout ce qui permet son existence, et en offrent ensuite aux morts.

Au  3e jour, les Khmers pratiquent le bain des statuts de Bouddha avec de l'eau parfumée. Ils pensent que ce bain purgera des impuretés de l'année passée et donnera longévité et bonheur aux personnes âgées.

Chôl Chnam Thmây a lieu chaque année les trois premiers jours du premier mois du calendrier khmer. C’est le temps où la nature est en pleine effervescence, le signal du début d’une nouvelle année de durs travaux champêtres. /.


Le Nam Bo compte plus de 600 pagodes khmères  avec plus de 10.000 bonzes et moines. Certaines de ces pagodes, vieilles de plusieurs siècles, ont été reconnues sites culturels, architecturaux et artistiques nationaux, telles que les pagodes Ang, Met, Hang, Doi….

(Source : Eglise bouddhique du Vietnam) )
 
Texte: Ngân Ha – Photos: VI 

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