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Préserver et valoriser le patrimoine maritime

 Plusieurs objets ont été remontés d’épaves de navires naufragés au large du Vietnam, mais ils risquent d’être endommagés avec le temps. Selon les spécialistes, il faut créer un musée spécialisé dans le patrimoine culturel sous-marin pour le préserver de manière professionnelle, l’exploiter et le valoriser.


Depuis les années 1980, les archéologues vietnamiens ont mené en coopération avec des spécialistes étrangers des fouilles de six navires à Hon Cau (province de Bà Ria-Vung Tàu), Hon Dâm (Phu Quôc-Kiên Giang), Cù Lao Chàm (Hôi An-Quang Nam), Cà Mau, Binh Thuân et Binh Châu (Quang Ngai). Beaucoup de céramiques, de bronzes, d’armes à feu et de balles… témoignent des intenses échanges commerciaux d’autrefois entre le Vietnam et l'étranger.


«Nous possédons des objets muets pour le commun des mortels. Seul le monde des chercheurs les connaît eux et leur signification. Le public ne peut connaître leur histoire comme le message sur la mer et les îles que cela représente», a expliqué le docteur Lê Thi Liên de l’Institut d’archéologie.


Si le bureau d’études d’archéologie sous-marine de l’Institut d’archéologie a été créé en 2013, pour étudier et développer ce domaine, il reste cependant à créer un musée dédié à ce patrimoine culturel sous-marin.


Le docteur japonais Nishimura et ses collègues ont découvert plusieurs anciennes pièces dans un navire naufragé à Binh Châu de la province du Quang Ngai. «De 2011 à 2013, il est allé étudier de nombreuses fois les documents historiques disponibles sur l’origine du navire, son trajet maritime, le lieu de production de ses marchandises..., afin de créer un ensemble documentaire sur la navigation de commerce dans la zone maritime du Vietnam et ses ports au IXe siècle, période où ce navire a sombré» a raconté Mme Noriko, l’épouse de M. Nishimura. Jusqu’à sa mort en 2013, ce dernier souhaitait créer un musée pour retracer l’histoire et la culture maritime des anciens Vietnamiens.


Le docteur Nguyên Viêt, qui a étudié pendant des années ce navire, a qualifié de très importantes les travaux du docteur Nishimura, car ils donnent un aperçu de l’histoire des navires de commerce d’alors. «Cette découverte archéologique montre que depuis longtemps, la Mer Orientale était une zone maritime importante pour les Vietnamiens. Protéger la souveraineté de la mer et des îles demeure la tâche suprême de chaque citoyen vietnamien», a ajouté M. Viêt.


Plein d'objets antiques mais peu d'équipements à les fouiller


Le secteur de l’archéologie du Vietnam maritime manque d’équipement, de spécialistes, et d’organismes professionnels chargés de répertorier les navires au large du Vietnam, d’organiser des campagnes de fouilles, d’étudier et de préserver les artefacts découverts.


Car les archéologues ne savent toujours pas plonger, et les fouilles sous-marines sont menées par des amateurs. Beaucoup de navires de commerce naufragés ont été détruits par des engins explosifs des pêcheurs ou pillés par des chasseurs d’antiquités.


L’archéologie sous-marine recèle plein de potentiels au Vietnam, mais les exploiter implique d’abord un important investissement en moyens, en technologies et en formation de spécialistes, et ensuite, des budgets importants, compte tenu de ce qu’une campagne de fouilles en mer est 6 fois plus coûteuse que sur terre, explique le docteur Lâm My Dung, une chercheuse de l’Université national de Hanoi.


Selon le docteur Pham Quôc Quân, l’ancien directeur du Musée d'histoire du Vietnam, il faut fonder un institut d’études des patrimoines maritimes. «Il devra comprendre un centre d’archéologie sous-marine, un musée, un centre d’études sur les navires et le commerce maritime, ainsi qu’un centre de protection et de conservation».


«Note archéologie maritime doit dépasser rapidement ses débuts. Dès maintenant, il faut élaborer une planification de son développement, de son budget, de ses ressources humaines, et de ses activités», a conclu Mme le docteur Lê Thi Liên, de l’Institut d’archéologie. -CVN/VNA/VI


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