Les tunnels de Vinh Môc, forteresse invisible de la résistance vietnamienne

Les tunnels de Vinh Môc, forteresse invisible de la résistance vietnamienne

 

Les tunnels de Vinh Môc et le réseau de villages souterrains de Vinh Linh constituent des ouvrages militaires majestueux, s'étendant sur des dizaines de kilomètres sous terre. Ils ont vu le jour pendant la période de résistance contre les Américains pour la libération nationale. Ces tunnels ont servi de bastions où soldats et habitants de Vinh Linh tenaient bon pour défendre leur terre natale et maintenir les échanges avec le front. 

 

Les tunnels de Vinh Môc et le réseau de villages souterrains de Vinh Linh constituent des ouvrages militaires majestueux, s'étendant sur des dizaines de kilomètres sous terre. 

Durant la guerre de résistance contre les Américains (1954-1975), la région de Vinh Linh occupait une position militaire stratégique, ce qui en fit une cible de bombardements massifs. Entre 1965 et 1972, l’ennemi y a largué plus d’un demi-million de tonnes de bombes. En moyenne, chaque habitant de Vinh Linh a dû endurer l'équivalent de 7 tonnes de bombes de divers types.

De la fin de l’année 1965 à 1968 (selon des statistiques incomplètes), le district de Vinh Linh comptait 114 tunnels d’une longueur totale de plus de 40 km, un réseau de tranchées dépassant les 2 000 km, ainsi que des centaines de petits tunnels, formant de véritables « villages souterrains » – une première dans l’histoire de la guerre du Vietnam. Situés dans le village de Vinh Môc, commune de Kim Thach, district de Vinh Linh, les tunnels de Vinh Môc ont été construits par l’armée et les habitants locaux entre 1965 et 1967, sur une colline de terre rouge basaltique surplombant la mer. L’ensemble du site couvre environ 7 hectares. Avec la détermination « ne pas céder un pouce de terre, ne pas quitter un centimètre », les forces armées et les habitants ont discrètement transféré leur vie quotidienne de la surface au sous-sol.

La sombre scène de la vie d’une famille vivant sous terre.   

Le réseau des tunnels de Vinh Môc mesure 1 701 mètres de long et comprend 13 entrées (7 donnant sur la mer, 6 sur la colline). Il est structuré sur trois niveaux : 

- Le premier étage, d'une longueur de 421,82 m, d’une largeur de 0,90 m à 1,10 m et d’une hauteur de 1,60 m à 1,75 m, situé à une profondeur de 8 à 11 m, abritait le siège du gouvernement local et des unités militaires. 

- Le deuxième étage, à une profondeur de 11 à 15 m, long de 508,08 m, avec une hauteur de 1,60 m à 1,94 m et une largeur de 0,80 m à 1,10 m, servait de zone résidentielle pour les villageois.

- Le troisième étage, à 21 à 22,5 m de profondeur, long de 130,35 m, haut de 1,60 m à 1,74 m et large de 0,80 m à 1,10 m, comprenait des abris contre les bombes perforantes.

Le long des parois, des niches (de 1,80 m de profondeur et 0,80 m de large) ont été creusées pour accueillir des familles de 3 à 4 personnes ou servir de salles d’accouchement. Le tunnel comporte également une salle de réunion pouvant accueillir 50 à 60 personnes, ainsi que plusieurs installations essentielles : un puits, un dépôt de riz, une cuisine, un poste de garde, un poste téléphonique, une salle d’opération et une maternité. La salle de réunion faisait également office de lieu de rassemblement, de spectacles et de projections de films. Aujourd’hui, elle expose des photographies illustrant la vie souterraine et la lutte des habitants.  

Touristes visitant les tunnels de Vinh Môc. 

À son apogée, environ 1 200 personnes y vivaient. La vie sous terre était difficile : manque de lumière, air humide en saison des pluies, chaleur en été. L’huile pour les lampes était précieusement conservée pour les urgences (réunions, soins médicaux, accouchements). Les mauvaises conditions sanitaires entraînaient des maladies de la peau, des os et des yeux.

Durant près de 2 000 jours et nuits de vie souterraine, les familles devaient se répartir dans différents tunnels pour plus de sécurité. Malgré les conditions extrêmes, le réseau a vu naître 60 enfants, dont 17 dans le seul tunnel de Vinh Môc – un véritable miracle. Grâce à la robustesse de ces abris, aucun habitant de Vinh Môc n’a été blessé durant toute la période de vie dans les tunnels. 

Entrées des tunnels où les habitants sortaient et entraient quotidiennement. 

À propos de son documentaire Un monde sous la guerre, la réalisatrice néerlandaise Janet Gardner écrivait : « En 1965, les habitants d’une province centrale du Vietnam (province de Quang Tri – NDLR) se trouvaient en première ligne d’une guerre brutale. Pour eux, la guerre était devenue une lutte pour la survie. Mais au lieu de fuir leur village ancestral, ils ont creusé un réseau de tunnels, créant un monde sous la guerre. »

Parmi les dizaines de milliers de mètres de tunnels de Vinh Linh, Vinh Môc est devenu une légende, un lieu qui a protégé, nourri et cultivé l’espoir dans cette région fortifiée, surnommée le « bastion d’acier et de fleurs ». Il représente la volonté indomptable et la résistance inébranlable de nos aînés face à l’envahisseur. 

En 2014, les tunnels de Vinh Môc et le réseau des villages souterrains de Vinh Linh ont été reconnus comme site historique national spécial par le Premier ministre.  

En 2014, les tunnels de Vinh Môc et le réseau des villages souterrains de Vinh Linh ont été reconnus comme site historique national spécial par le Premier ministre. Ils attirent aujourd’hui de nombreux visiteurs, vietnamiens et étrangers. Les tunnels de Vinh Môc sont devenus un lieu emblématique du tourisme DMZ (zone démilitarisée) de Quang Tri, contribuant au développement touristique et économique local./.

 

  • Texte et Photos:  Thanh Hòa/VI - Traduction: Hà Vu

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