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Procès de l’agent orange : "Je ne suis pas solitaire", dit Trân Tô Nga

 Militante, ancienne correspondante de l’Agence vietnamienne d’information (VNA) qui avait été exposée à l’agent orange pendant la guerre du Vietnam , Trân Tô Nga a affirmé qu’elle n’est pas solitaire dans son procès contre des géants américains de la pétrochimie.

"Derrière moi se tiennent des millions de victimes de l’agent orange du Vietnam et de nombreux autres pays", a déclaré la Française d’origine vietnamienne au quotidien Tin Tuc (Nouvelles) de la VNA, en marge du meeting commémorant le 55e anniversaire de la Journée du désastre de l’agent orange, mercredi à Hanoi.

En 2009, une cour internationale de conscience a été créée pour les victimes vietnamiennes de l’agent orange, mais seulement les Français pouvaient témoigner, et Mme Nga s’est retrouvée la seule victime pouvant aider les autres victimes. Elle a commencé par refuser en raison de son âge puis, pour ses camarades et tous les enfants morts de l’agent orange, elle a accepté.

Trân Tô Nga, 74 ans, et son avocat, Me William Bourdon, assignent devant le tribunal de grande instance d’Evry (Essonne) plusieurs multinationales accusées d’avoir produit ce défoliant très toxique déversé par l’aviation américaine et qui, aujourd’hui encore, fait de nombreuses victimes.

Elle assure que les graves problèmes de santé de ses trois filles (l’une d’elles est décédée à l’âge de dix-sept mois) sont dus à sa propre contamination, dans les années 1960. Elle réclame une expertise médicale complète, et le versement d’indemnités par les sociétés mises en cause.

"Si le tribunal reconnaît que je suis une victime de l’agent orange, cela pourrait créer une jurisprudence en faveur des millions de personnes contaminées en lutte pour la justice et la réparation", a-t-elle indiqué.

Après six mois, 19 sociétés qui ont été assignées ont fait appel aux services de deux avocats chacune. Plus d’un an durant, six séances de mise en état ont eu lieu dont l’enjeu est de fixer un calendrier pour les débats. "Avant que la procédure ne s’engage, mes avocats m’ont demandé si j’étais prête car elle sera longue et pénible", a-t-elle fait savoir.

"Si je suis en face des représentants des sociétés américaines, je leur demanderai de penser à ceux qui sont malheureux à cause de leurs faits, que ce soient ceux qu’ils aient accomplis volontairement ou +sur commande du gouvernement américain+. Mais le résultat est là, et il faut réparer ce désastre", a-t-elle affirmé en juin 2015 dans la cour du tribunal à des journalistes venus couvrir l’événement.

Entre 1961 et 1971, l’aviation américaine a déversé sur les forêts du pays environ 80 millions de litres de produits chimiques, dont 61% était de l’agent orange, un puissant herbicide qui contenait de la dioxine à haute dose. Le dommage causé à l’environnement a été immense et extrêmes furent les dommages corporels infligés.

Selon l’Association des victimes de l’agent orange/dioxine du Vietnam (VAVA), plus de 150.000 victimes de la deuxième génération d’après-guerre, 35.000 de la troisième génération, 2.000 de la quatrième génération, le pays compte plus de 4,8 millions de personnes directement exposées au défoliant, dont 3 millions en subissent encore les séquelles. – VNA/VI


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