De Ly Son, nous avons commencé notre voyage sur les traces de nos prédécesseurs. C’est une belle île située à environ 15 miles nautiques de la côte, où subsistent de nombreux objets, reliques et histoires intéressantes de l’ancienne Flottille de Hoàng Sa fondée par les seigneurs Nguyên (qui ont gouverné la partie Sud du pays au début du 17e siècle) pour mener dans les archipels de Hoàng Sa et Truong Sa des missions d'exploitation des produits marins, cartographier, protéger et installer des bornes de souveraineté.
De nos jours, de nombreuses lignées de l’île de Ly Son comme celles de Nguyên, Pham et Vo conservent encore des décrets et des titres de la dynastie des Nguyên, mentionnant clairement les missions et activités de cette ancienne flottille héroïque.
«Lê khao lê thê linh Hoàng Sa» (Cérémonie en commémoration des soldats de Hoàng Sa) est un rituel
traditionnel tenu le 3e mois lunaire de chaque année par les gens de l'île de Ly Son
pour commémorer les soldats de l’ancienne Flottille de Hoàng Sa. Photo: Công Dat
Au cours de la cérémonie «Lê khao lê thê linh Hoàng Sa», des miniatures votives de bateaux de
pêche et des personnages en papier sont lâchés en mer. Photo: Công Dat
Des ordres royaux, des livres et tablettes ancestrales liés à la Flottille de Hoàng Sa sont conservés et
transmis de génération en génération au sein de nombreuses familles. Photo: Công Dat
Dans le livre «Dai Nam Thuc luc tiên biên" (Première partie de la Chronique du Daï Nam), une collection de documents historiques compilés par Quôc Su Quan dans la 4e année du règne du roi Thiêu Tri des Nguyênon peut lire ceci : « Sur l'ordre du roi Minh Mang, au 4e mois lunaire de l’été 1771, Mac Cuu, chef militaire de Hà Tiên, est allé montrer sa reconnaissance au seigneur Nguyên Phuc Chu pour lui avoir généreusement accordé une récompense pour la cartographie de l’archipel de Truong Sa (Spratleys)». Photo : Trân Thanh Giang (prise à l’exposition «Hoàng Sa, Truong Sa-preuves historiques», organisée au sein du Musée de l’Histoire militaire du Vietnam en 2014). La «Carte générale des Indes orientales et des Islles Adiacentes», faite par Mariette en 1790, montre que les Paracelsappartiennent au Vietnam. Photo : Trân Thanh Giang (prise à l’exposition «Hoàng Sa, Truong Sa- preuves historiques», organisée au sein du Musée de l’Histoire militaire du Vietnam en 2014). Sur la carte "India Orientalis", faite par Jodocus Hondius en 1613, les archipels des Paracels et Spratleys ont été présentés comme connectés et ont reçu le nom commun de Paracels. Photo : Trân Thanh Giang (prise à l’exposition «Hoàng Sa, Truong Sa-preuves historiques» organisée au sein du Musée de l’Histoire militaire du Vietnam en 2014). Une carte de la Chine tirée de l'Atlas du Monde à Londres (Royaume-Uni) en 1914 montre que le point le plus au sud de la Chine est l'île de Hainan. Photo : Trân Thanh Giang (prise à l’exposition «Hoàng Sa, Truong Sa-preuves historiques», organisée au sein du Musée de l’Histoire militaire du Vietnam en 2014). Inscription sur la stèle en pierre placée par une unité vietnamienne de sécurité en juin 1938: «La République française, le Royaume d'An Nam, Les îles Paracels, 1816 - Îles Paracels 1938 ». Photo prise en 1938. Photo : Trân Thanh Giang (prise à l’exposition «Hoàng Sa, Truong Sa- preuves historiques», organisée au sein du Musée de l’Histoire militaire du Vietnam en 2014). |
La Chine a commencé sa tentative de s’emparer de l’archipel des Paracels (Hoàng Sa) en 1909 lorsque l'amiral Li Zhuen, conduisant trois canonnières dans la zone Hoàng Sa, débarqua rapidement sur l'île de Phu Lâm. Plus tard, en 1946, l'administration chinoise de Chiang Kai-sek, profitant des nombreuses difficultés du Vietnam qui venait de proclamer son indépendance, a envoyé des troupes pour occuper illégalement le groupe d'îles à l’Est de l’archipel de Hoàng Sa. En 1956, profitant du retrait français de l'Indochine en conformité avec des Accords de Genève et du retard du Vietnam dans la reprise en charge d'un certain nombre d'îles de l’archipel, la Chine a envoyé des troupes pour occuper illégalement un groupe d'îles (An Vinh) à l'Est dudit archipel. En 1974, quand le Vietnam a concentré ses efforts pour la libération du Sud, la Chine a utilisé la force pour occuper illégalement l'archipel de Hoàng Sa jusqu’à présent. |
La tablette de bois datée du 28 décembre de la 7e année du règne du roi Thiêu Tri (1847), présenté par le Bô Công (ministère en charge de la Construction, de la Réparation et des Digues) et signé par le roi, dit que «Hoàng Sa constitue une région maritime de notre pays, où les bateaux de combat sont envoyés chaque année pour déterminer les routes maritimes». La tablette de bois datée du 27 juin de la 11e année du règne du roi Minh Mang (1830), présentée par le Cabinet, indique quant à elle l'envoi de bateaux pour sauver des navires commerciaux français en perdition au large de Hoàng Sa.
Dans les annales «Dai Nam Thuc luc chinh biên», compilées par Quôc Su Quan sous la dynastie des Nguyên, il est écrit ceci: «En janvier 1836, les fonctionnaires du Bô Công ont présenté un rapport disant que la frontière maritime de Hoàng Sa de notre pays est lointaine et très importante. Auparavant, des fonctionnaires étaient envoyés pour le cartographier. Maintenant, des hommes devront être envoyés là-bas chaque année pour étudier l'ensemble de l'archipel afin de mieux connaître les lignes maritimes».
La souveraineté du Vietnam sur les archipels peut être trouvée dans divers documents occidentaux. Par exemple, l'article «Les marchands européens en Cochinchine (Sud du Vietnam) et au Tonkin (Nord du Vietnam) (1660 - 1695)» de Ch.B.Maybon, publié dans la Revue Indochine en 1916, a enregistré le cas où Duijcker, chef du Bureau du Commerce des Pays-Bas à Hôï An, se plaint au Seigneur Nguyên Phuc Lan sur le fait que les Vietnamiens qui avaient sauvé l’équipage du navire commercial Grottebroek près de Hoàng Sa, le 21 juillet 1634, avaient aussi confisqué tout l’argent…
Des documents montrent qu’au début du 17e siècle, l'administration des Nguyên dans le Sud maîtrisait et contrôlait déjà les activités dans l’archipel de Hoàng Sa. Pendant trois siècles (du 17e au 19e), la Flottille de Hoàng Sa représentait l'administration des Nguyên, effectuant en permanence des missions de défense de la souveraineté dans les archipels de Hoàng Sa et Truong Sa, jusqu'à ce que les Français envahissent l'Indochine (1858) et s’accaparent ces deux archipels.
L’île de Sinh Tôn en 1988. Photo: Vinh Quang L’île de Thuyên Chàï en 1988. Photo: Vinh Quang L’île de Phan Vinh en 1988. Photo: Vinh Quang Borne de souveraineté du Vietnam sur l’île de Sinh Tôn. Photo: Vinh Quang La station de prévisions hydrométéorologiques de Truong Sa en 1988. Photo: Vinh Quang En mars 1988, la Chine a pris par la force l’île de Gac Ma et tué 64 soldats vietnamiens. En avril 1988, les journalistes de la Revue Vietnam Illustré Vinh Quang et Lê Phuc sont allés sur l’île de Truong Sa. En image: Les reporters à bord du bateau HQ505 près de l’île de Cô Lin. Photo: Vinh Quang |
L'histoire du Vietnam a connu des hauts et des bas, mais l'occupation forcée et illégale de Hoàng Sa par les Chinois tourmentent aujourd'hui tous les Vietnamiens.
Nous croyons fermement que Hoàng Sa sera de retour au sein de la mère patrie. C’est le désir ardent de tous les Vietnamiens, qui considèrent la souveraineté nationale sur la mer et les îles comme sacrée. Le roi Lê Thanh Tông (15esiècle) a d’ailleurs dit: «Pourquoi devrions-nous abandonner un pouce de nos montagnes ou un mètre de nos rivières?»(Dai Viêt Su Ky Toàn Thu - L'Histoire complète du Dai Viêt).
Le souffle de Truong Sa
Situé à plus de 350 miles nautiques au Sud-est de l’archipel de Hoàng Sa (Paracel), celui de Truong Sa (Spratley), district de Truong Sa, occupe une position géographique clé sur la route maritime à travers la Mer Orientale.
De nos jours, en arrivant à Truong Sa, on est surpris par ces îles aussi tranquilles que des villages ruraux du continent, avec des arbres fruitiers, les chants des coqs, le son des cloches de la pagode…. De nombreuses générations de Vietnamiens connaissent ces noms familiers que sont Truong Sa Lon (Grande Truong Sa), Song Tu Dông, Song Tu Tây, Thi Tu, Nam Yêt, Da Tây, Son Ca et Sinh Tôn… qui sont des îles de l’archipel.
Un système d'énergie éolienne moderne a été construit sur l’île de Truong Sa Dông (Est). Photo: Trân Minh Ngoc Un quartier résidentiel sur l’île de Sinh Tôn. Photo: Trân Minh Ngoc La pagode Truong Sa Lon est un lieu religieux, mais aussi un monument affirmant la souveraineté du Vietnam sur l’archipel de Truong Sa. Photo: Viêt Cuong Un monument dédié aux martyrs sur l’île de Truong Sa Lon (archipel des Spratleys). Photo: Trân Minh Ngoc |
Thiêu Van Quang, un Vietnamien résidant en République tchèque, a été surpris quand, pour la première fois, il a mis le pied à Truong Sa, en avril dernier: «C’était vraiment au-delà de mes attentes. Les îles de Truong Sa sont vertes et belles comme un bourg du continent!».
De nos jours, en arrivant à Truong Sa, on est surpris par ces îles aussi tranquilles que des villages ruraux du continent, avec des arbres fruitiers, les chants des coqs, le son des cloches de la pagode… |
Sur l’île de Nam Yêt, surnommée la «terre de la noix de coco en Mer Orientale», les noix de coco constituent non seulement la spécialité locale mais aussi une source de revenus importantes pour les insulaires.
Sur l’île de Da Tây, la compagnie de fruits de mer de Truong Sa a développé l’aquaculture en radeau. À l'avenir, elle compte développer ce modèle sur l’île de Tôc Tan.
«Dông dao biên dao» (Chanson pour enfants au sujet de la mer et les îles) est enseigné dans un cours de littérature de la maîtresse Bùi Thi Nhung, à l’école primaire de Truong Sa Lon. Photo: Viêt Cuong Une clinique bien équipée sur l’île de Truong Sa Lon. Photo: Viêt Cuong Un cadre de la station de prévisions hydrométéorologiques de Truong Sa. Photo: Viêt Cuong Construction d’infrastructures sur l’île de Truong Sa Lon. Photo: Trân Thanh Giang Les éoliennes fournissent 60% de l'électricité sur l’île de Truong Sa Lon. Photo: Viêt Cuong Les maisons sur l’île de Sinh Tôn sont solides pour résister aux tempêtes. Photo: Nguyên Luân Bateau de pêche vietnamiens au large des Spratleys. Photo: Viêt Cuong Pêcheurs de Truong Sa après une sortie en mer. Photo: Phuong Hoa Vie paisible et heureuse sur l’île de Truong Sa Lon. Photo: Dang Kim Phuong |
Ces actions ont non seulement violé la souveraineté territoriale sacrée du Vietnam, mais aussi sérieusement affecté la sûreté et la sécurité de la navigation en Mer Orientale et détruit des écosystèmes marins de valeur.
Hua Chung a confié après sa récente visite à Truong Sa en avril, elle s’était sentie dépitée et en colère devant les installations illégales de la Chine.
Ces sentiments les plus intimes de Hua Chung sont aussi ceux de tous les Vietnamiens, où qu’ils vivent. Maintes difficultés restent à venir, mais la vérité aura toujours raison car «Hoàng Sa et Truong Sa sont le sang et la chair du Vietnam»./.
Après un examen de trois ans sur la base de l'Annexe II de la Convention des Nations Unies de 1982 sur le droit de la mer (UNCLOS), le 12 juillet 2016, la Cour permanente d'arbitrage (CPA) de La Haye a rendu son verdict relatif à la procédure engagée par les Philippines concernant les revendications chinoises sur ses « droits historiques » sur les zones maritimes délimitées par la « ligne des neuf traits ». Selon la CPA, ces revendications sont contraires à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982. La Chine n’a aucune base historique sur cette zone maritime ni de base légaleconcernant de soi-disant « droits historiques ». |
Texte: Thông Thiên, Diêu Vân - Photo: Vinh Quang, Viêt Cuong, Nguyên Luân,
Trân Thanh Giang, Trân Minh Ngoc, Công Dat, Dang Kim Phuong, Phương Hoa/VNA