Reportage thématique

Dông Thap Muoi aujourd’hui

Dông Thap Muoi (« la Plaine des Joncs ») était autrefois une terre inadaptée pour l’agriculture car souvent inondée et riche en alun. Pourtant, en seulement quatre décennies (1975-2015), les efforts pour la remise en état des terres ainsi que le contrôle des inondations ont permis de transformer cette zone en un grand grenier à riz du pays, contribuant à assurer la sécurité alimentaire nationale et à faire du Vietnam un puissant exportateur mondial.
La longue marche pour la valorisation des terres
Selon les annales historiques, le nom de Dông Thap Muoi est apparu au début du 19e siècle. Cette région se trouve dans le bassin de la rivière Tiên. C’est une vallée à sol alcalin, autrefois royaume des carex et des joncs. La région était confrontée chaque année  à six mois d'inondation et à six mois de sécheresse. Lorsque les colonialistes français ont envahi le Sud, ils ont envoyé des spécialistes à Dông Thap Muoi pour évaluer les possibilités de le mettre en culture. Ils ont estimé que le riz ne pouvait y être cultivé.

Autrefois, le sol riche en alun rendait difficile la vie des migrants qui tentaient de défricher cette zone. Nguyên Thanh Tài (commune de Tân Tây, district de Thanh Hoa, province de Long An) a fait partie de ces migrants en quête de terres: « la zone était déserte et très peu peuplée, avec une maison tous les kilomètres. Les sources d'eau étaient fortement affectées par l'alun. Pour la boire, on devait la filtrer à travers de longues écharpes remplies des cendres de cuisine ».

Après la réunification nationale, devant la demande urgente de remédier à la pénurie alimentaire, les provinces de cette région ont organisé des migrations vers Dông Thap Muoi. Des milliers de personnes des provinces de Bên Tre, Tiên Giang, Cà Mau, et Long An sont allées à Dông Thap Muoi pour établir des fermes rizicoles. Après six ans (1976-1982), 27 fermes d'État ont été mis en place dans toute la région, avec trois zones rizicoles -  Vinh Hung, Dông Thap et Môc Hoa -, soit une superficie totale de 222.369 ha. Cependant, la production était basse en raison d'une seule récolte par an.



Cadres du Centre de Recherche et de Développement agricole de Dông Thap Muoi
effectuant des recherches pédologiques.Photo: Lê Minh



Scientifiques effectuant des recherches à Dông Thap Muoi.Photo: Archives


La mise en culture de Dông Thap Muoi est considérée comme un exploit des habitants du Nam Bô. Photo: Archives


Cadre du Centre de Recherche et de Développement agricole de Dông Thap Muoi vérifie
des variétés de riz résistantes à l’alun. Photo: Lê Minh





Recherche sur des variétés de riz convenant au sol de Dông Thap Muoi, au Centre de Recherche
et de Développement agricole de Dông Thap Muoi. Photo: Thông Hai & Archives



Zone de culture d'une variété de citrons sans pépins sur sol riche en alun dans la commune
de Tân Tây, district de Thanh Hoa, province de Long An. Photo: Thông Hai



L'ananas pousse bien à Dông Thap Muoi. Photo: Thông Hai


Zones d’habitation dans le district de Thanh Hoa, province de Long An. Photo: Lê Minh


Vue panoramique du bourg de Kiên Tuong, province de Long An. Photo: Thông Hai
 
Dông Thap Muoi est le nom d'une région de plaine de 687.000 ha, qui représente près de 18% de la superficie du delta du Mékong, à cheval sur trois provinces: Long An, Tiên Giang et Dông Thap, cette dernière occupant environ 50% de la superficie totale.
L’ancien Premier ministre Vo Van Kiêt, à la fin des années 80, en tant que vice-président du Conseil des ministres, a rencontré les responsables des provinces de Long An, Tiên Giang et Dông Thap pour discuter de la mise  en valeur de cette région. Il a dirigé la mise en œuvre des programmes «vivre ensemble avec les inondations» et «pousser les inondations vers la mer Orientale», qui ont permis de drainer les terres et d’évacuer l'eau salée, d’apporter de l'eau douce et, in fine, de récupérer des centaines de milliers d'hectares inexploités.

A partir de là, de nombreux chercheurs et scientifiques se sont portés volontaires pour des études de terrain, dont le Prof. associé-Dr. Hô Van Chin et son équipe de l'Institut de Géographie et des Ressources  de Hô Chi Minh-Ville, qui ont conclu que la chose la plus difficile dans l’exploitation agricole de Dông Thap Muoi était de faire comprendre aux habitants locaux quelles plantes devaient être cultivées sur quel type de sol et le rôle extrêmement important de l’irrigation.

Des canaux ont été construits pour transporter l'eau douce des rivières Tiên et Vàm Co vers Dông Thap Muoi, ce qui a contribué non seulement à laver l’alun mais aussi à évacuer les inondations vers la Mer Orientale, tout en fournissant de l'eau douce pour la culture et les activités quotidiennes des personnes. La superficie rizicole a été constamment élargie.
En 1983, le Centre de Recherche et de Développement agricole de Dông Thap Muoi a été créé dans le district Vinh Hung, province de Long An, avec comme mission de rechercher des solutions pratiques pour la culture du riz sur sol riche en alun.
Parallèlement, des mesures de traitement des semis de riz, d'utilisation d'engrais phosphoré pour contrôler l'alun, élaborés par le centre de recherche, ont été appliquées. Et de nouvelles souches de riz (QR50404 et IR59606), résistantes à l'alun et aux maladies, et avec de bons rendements, ont été mises en culture.

Selon Nguyên Viêt Cuong, directeur du Centre de Recherche et de Développement agricole de Dông Thap Muoi, les systèmes d'irrigation, les variétés de riz résistantes à l’alun, les engrais et le contrôle efficace de l'alun ont permis de « conquérir » Dông Thap Muoi.

 
Un véritable grenier à riz

“Dans la province de Long An, Dông Thap Muoi représente plus de 85% de la valeur de production agricole de la province, dont 80% pour la seule culture du riz. La production rizicole de Long An est proche de 2,85 millions de tonnes / an, sur 150.000 ha. L'igname ailée (Dioscorea alata) est cultivé sur plus de 3.000ha, avec un rendement moyen de 8,5 tonnes / ha. Le sésame sur plus de 1.500 ha, avec un rendement de 660 kg / ha”.
Après la libération, Dông Thap Muoi pourrait donner une seule culture de riz par an, avec une production modeste de quelque 700.000 – 800.000 tonnes / an. Désormais, on compte 350.000 ha avec 2 à 3 cultures / an et une production annuelle de 3,5 millions de tonnes (chiffre de 2014). Chaque année, 20% du volume de riz exporté par le pays vient de Dông Thap Muoi.

Récemment, début septembre, nous sommes allés à Dông Thap Muoi au  moment de la récolte du riz d'été-automne. Le long des routes, les rizières jaunes s’étendaient loin à l'horizon. Les grandes routes asphaltées, les réseaux d'électricité et d'approvisionnement en eau, les maisons solides… témoignaient du développement de cette région.  Autre témoignage : Kiên Tuong, bourg de la province de Long An, né seulement en 2013.

Attachée depuis plus de 40 ans à la culture du riz dans la région de Dông Thap Muoi, Vo Thi Hông (commune de Tuyên Thanh, Kiên Tuong, province de Long An), a transformé 30 ha de terres inondables en rizières. Jadis, une seule récolte par an était possible, avec un rendement d'environ 1 ou 2 tonnes / ha. Maintenant, Hông et que d'autres paysans peuvent faire trois récoltes par an, avec 7- 8 voire 10 -11 tonnes / ha.

 
 

Rizières à Dông Thap Muoi prêtes pour la récolte. Photo: Thông Hai


Des machines agricoles modernes à Dông Thap Muoi. Photo: Lê Minh


Des machines agricoles modernes sont utilisées à Dông Thap Muoi. Photo: Thông Hai


Bateaux et pirogues à moteur utilisés pour le transport du riz. Photo: Lê Minh


Transport du riz sur les canaux vers les usines de transformation. Photo: Lê Minh

 
 Avec la production de riz atteignant environ 3,5 millions de tonnes / an (en 2014). Chaque année, le grenier à riz Dông Thap Muoi contribue environ 20% du volume total des exportations de riz du Vietnam.
A part le riz, d’autres plantes  sont cultivées à Dông Thap Muoi. Des pastèques dans les sols pauvres des districts de Thanh Hoa, Tân Thanh, Môc Hoa, Tân Hung et Vinh Hung de la province de Long An, de l'igname ailée (Dioscorea alata) à Tân Phuoc (Tiên Giang), des ananas, des citrons et des fruits du dragon à Thanh Hoa (Long An), du sésame et des pastèques à Vinh Hung et Tân Hung (Long An)…

Selon Lê Van Hoàng, directeur du Département de l’Agriculture et du Développement rural de la province de Long An, le changement de la structure actuelle de plantes à Dông Thap Muoi vise à augmenter la production et à s’orienter vers une production diversifiée. Toutefois, le riz reste la première culture de cette région.

Malgré certaines difficultés, Dông Thap Muoi est face à de belles perspectives de développement socio-économique dans le futur./.


 

Ligne de traitement du riz à la Compagnie des vivres du Sud du Vietnam  (VINAFOOD2). Photo: Lê Minh




Emballage du riz selon des technologies japonaises à VINAFOOD2. Photo: Lê Minh


Vérification de la qualité du riz à VINAFOOD2. Photo: Lê Minh

 Texte: Son Nghia - Photos: Lê Minh, Thông Hai et Archives

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